L’universitaire, ancien président de la commission consultative pour la nouvelle République et expert en droit public, Sadok Belaïd dénonce « le silence des institutions de l’Etat dont l’objectif est de faire diversion sur les problèmes sociaux, économiques et politiques du pays ».
Intervenant dans le cadre d’une conférence-débat organisée par le collectif Soumoud, Sadok Belaïd regrette que « les gouvernants recourent au silence en Tunisie face au peuple; mais quand ils sont dans d’autres pays et circonstances, ils communiquent et la parole afflue ».
Il insiste donc sur cette situation de silence. Les trois institutions principales de l’Etat sont silencieuses d’après lui : « Un silence à l’Assemblée des représentants du peuple, un silence au palais de Carthage et un silence à la Kasba ». Le doyen estime qu’il s’agit du « silence des palais ». Sadok Belaïd soutient encore que le « silence est devenu un mode de gouvernance ». Continuant dans le même sillage, il précise qu’il s’agit d’un véritable silence et non d’une métaphore.
La constitution par son contenu implicite est également silencieuse. Si, la démocratie est celle des débats et des idées, la situation actuelle s’assimile à la « démocratie du silence ». Le taux d’abstinence, lors des dernières élections, est aussi une forme de silence, estime-t-il.
Par ailleurs, le constitutionaliste tunisien fait trois remarques sur la situation actuelle du pays. Ainsi, le recours aux mesures exceptionnelles et aux décrets présidentiels est un « scandale ». Et d’ajouter que c’est une procédure pour faire taire les autres voix et interdire le recours contre les décisions. En asseyant un règne sans contrôle et sans recevabilité. Il explique que « l’utilisation du terme décret présidentiel est une première en Tunisie ».
Puis, pointant du doigt, l’absence de la Cour constitutionnelle, l’intervenant parle du « mirage de la Cour constitutionnelle ». Sachant notamment que la constitution de 2022 ne précise pas de date pour son institution. Et de s’interroger sur la date–non encore annoncée- du déroulement des élections régionales et locales.
Enfin, Sadok Belaïd affirme dans le même sillage, que la Tunisie fait face à un grand problème socio-économique. « Et à cause de ce silence, le pays sombre dans une tragédie », conclut-il.