L’unité des statistiques de la Deutsche Bank allemande a publié, mardi 20 juin 2023, un rapport détaillé sur la crise monétaire en Egypte. Le rapport indique que l’Égypte a dévalué sa monnaie trois fois depuis le déclenchement de la guerre en Ukraine. Ce qui a entraîné un tarissement soudain des entrées de devises.
Le dollar face à la livre égyptienne s’échange désormais 50 % plus faible que son niveau de début 2022. Malgré cela, la pression sur le taux de change ne s’est pas relâchée en Egypte.
En avril 2023, les contrats à terme nationaux non livrables ont atteint 160 %, reflétant les attentes du marché d’une quatrième dévaluation. Actuellement, les agents du marché parallèle suggèrent un taux de change plus proche de 46 EGP et donc 33 % supérieur au taux actuel, selon le rapport.
L’évaluation commune, menée par le Fonds monétaire international, est que le régime de taux de change semi-fixe de l’Égypte est la source du problème. Par conséquent, le FMI fait pression pour une flexibilité totale du taux de change dans son dernier programme qui nécessitera probablement une autre dévaluation; en plus de la privatisation des entreprises publiques.
Ainsi, le rapport explique qu’une quatrième dévaluation est peu susceptible de résoudre les problèmes sous-jacents de l’Égypte. D’ailleurs, elle pourrait être contre-productive pour attirer un retour de flux durables vers l’Égypte.
Une autre dévaluation n’est pas le bon outil politique
Le rapport considère donc qu’une autre dévaluation n’est pas la bonne voie à suivre. « Mais nous reconnaissons que la flexibilité du taux de change reste au centre du programme du FMI ainsi que le soutien des pays du CCG », ajoute-t-il.
Pour le moment, l’Égypte semble avoir une certaine marge de manœuvre pour faire avancer les privatisations. « Et un autre ajustement du taux de change pourrait intervenir une fois que nous avancerons avec le premier examen maintenant retardé du programme du FMI. En supposant qu’il n’y ait pas de changement dans la politique du FMI », indique encore le rapport.
En outre, Deutsche Bank maintient ses prévisions de milieu d’année pour le prix de la monnaie égyptienne de EGP 31, qui est maintenant proche de l’atteindre. De même qu’elle a révisé ses prévisions de fin d’année pour que la monnaie atteigne EGP 37. Et ce, afin de refléter la possibilité d’un nouvel affaiblissement de la monnaie au second semestre 2023.
Enfin, le rapport s’attend à ce que le Fonds monétaire international fasse pression pour plus de flexibilité des taux de change. Tout en essayant d’équilibrer les risques autour de l’inflation. Et « bien que nous nous attendions à un nouvel ajustement du taux de change; nous pensons qu’une autre dévaluation n’est pas le bon outil politique. Au lieu de cela, l’accent devrait être mis sur la racine du problème, qui est l’encours de la dette intérieure de l’Égypte », conclut le rapport.