Les économistes voient la Banque centrale de Turquie (TCMB) augmenter fortement les taux d’intérêt lors de sa réunion de jeudi. Et ce, avec des estimations largement divergentes sur l’ampleur du mouvement.
Les investisseurs et les stratèges parient sur un retour progressif à de saines pratiques économiques. Alors que le président turc Recep Tayyip Erdogan remanie son cabinet après avoir obtenu un nouveau mandat de cinq ans, en mai. Le dirigeant turc a également signalé une certaine flexibilité dans la politique monétaire. Ce qui est considérée comme ouvrant la voie à un abandon des mesures non conventionnelles qui ont déclenché une crise inflationniste.
Ainsi, les économistes de Goldman Sachs dirigés par Walid Mohsin voient le TCMB relever son taux directeur à 40 % contre 8,5 % actuellement lors de la réunion du 22 juin. Ce qui marquerait également la première hausse depuis mars 2021.
De son côté, Bank of America voit le taux d’intérêt de référence de la Turquie passer à 25 pour cent, bien qu’il note la possibilité d’une surprise, selon un rapport des économistes de la firme.
Les banques sont aussi dans la danse des évaluations
Deutsche Bank AG s’attend à ce que les taux d’intérêt augmentent initialement à 20% en juin, conformément à l’estimation moyenne d’une enquête Bloomberg auprès de 20 économistes. Pour Bank of America et Deutsche Bank, il est possible que les autorités turques annoncent de nouvelles hausses moins agressives lors des prochaines réunions.
Cependant, quelques « outliers » comme Société Générale et Bloomberg Economics s’attendent à un passage à 15%, tandis que Standard Chartered ne voit le taux directeur qu’à 14%.
Les décisions autres que les hausses de taux seront tout aussi importantes, selon Christian Vietoska de la Deutsche Bank. Il fait référence à l’annonce du nouveau gouverneur du TCMB, Hafiz Gage Erkan, concernant l’engagement des autorités en matière de resserrement monétaire et de gestion des mesures macroprudentielles.
Imamoglou de Bank of America s’attend à ce que la réglementation soit « déroulée » progressivement, rendant « moins probable » la perspective d’une importante augmentation forfaitaire permettant la levée des contrôles.
La livre turque s’est dépréciée de 16 % depuis les élections du 28 mai.