L’Observatoire tunisien de l’économie (OTE) a appelé à réviser le rôle de la Banque centrale de Tunisie (BCT) pour une mise en œuvre efficace des politiques publiques. Parce que la dissociation entre la politique monétaire et les politiques financières et économiques à travers l’indépendance de la Banque a fait obstacle à la mise en œuvre de politiques publiques efficaces et efficientes pour la réalisation du développement économique.
L’indépendance de la BCT entrave l’efficacité des politiques économiques, selon un rapport de l’OTE, et suscite des inquiétudes quant à la stratégie de sauvetage entre la Tunisie et le FMI. Le débat sur le rôle de la BCT dans le développement est amplifié par l’augmentation de la dette publique et la détérioration des réserves en devises.
Fixation du statut de la BCT
Par ailleurs, l’OTE a fait observer, dans un rapport économique publié mercredi 21 juin 2023, que depuis l’entrée en vigueur de la loi de 2016 portant fixation du statut de la BCT, cet état de fait n’a pas eu un impact positif sur le taux d’inflation en Tunisie, bien que la tâche de la stabilisation des prix soit considérée comme étant le rôle principal de la banque.
De ce fait, l’OTE estime impératif de reconsidérer le rôle de la BCT en adéquation avec les besoins de la situation économique notamment l’encouragement à l’Investissement, la création des richesses et à la rupture avec les approches du Fonds monétaire international (FMI) qui limite la mission de la BCT à la lutte contre l’inflation.
Une indépendance qui suscite débat
En outre, l’OTE a également évoqué la polémique actuelle concernant la loi sur l’indépendance de la BCT, et les appréhensions de certaines parties étrangères sur ce sujet qui risque d’exposer à l’échec, la stratégie de sauvetage instituée entre la Tunisie et le FMI.
En somme, il a signalé les récentes déclarations contradictoires des responsables gouvernementaux tunisiens autour du rôle de la banque. Ainsi, le vice-président du parlement, Riadh Jïdane, affirme, d’un côté, qu’il existe des limites réelles pour l’indépendance de la banque alors que le ministre de l’Economie et de la Planification, Samir Saïed a souligné de l’autre côté que le gouvernement n’a pas l’intention de modifier le statut de la banque ou de délimiter son indépendance.
L’OTE a, par ailleurs, considéré que l’amplification de la dette publique et la régression des réserves en devises à la BCT et la hausse continue du taux d’inflation, ont suscité un débat sur le rôle de la banque dans le développement.
Il a précisé que le sort de la banque lié aux conditions du FMI n’est pas inédit, étant donné que les pressions du Fonds se sont accentuées avec le temps puisque les obligations du FMI n’ont pas inclus la réactivation de la loi sur l’indépendance de la banque seulement, rappelant que le Fonds a obligé l’exécutif depuis 2013 à déprécier le dinar dans plusieurs occasions et de prendre d’autres mesures monétaires et financières.
Le FMI exerce une pression, depuis le démarrage des négociations sur un accord d’un prêt d’un montant de 1,9 milliard de dollars, sur le gouvernement tunisien pour réviser le code des change, étant donné qu’il représente une procédure préalable à la signature de la convention et la libéralisation du taux de change.
Il convient de signaler que le gouverneur de la BCT, Marouan Abassi, a déclaré, auparavant que que cette loi permettra de libérer « progressivement » et « totalement » le dinar tunisien.
Avec TAP