Le chef de la France Insoumise, Jean-Luc Mélenchon, soupçonne l’Union européenne de songer à installer des camps dans des pays de la rive sud de la Méditerranée, dont la Tunisie. Laquelle « aujourd’hui est prise à la gorge par le FMI à cause de la crise économique ». Des paroles en l’air de la part du dirigeant politique qui réalisa le score de 21,95% à l’élection présidentielle de 2022?
La Tunisie, première sur la liste d’un « complot » ourdi par les pays riches du nord de la Méditerranée ? C’est ce qu’affirme le leader de la France Insoumise, Jean-Luc Mélenchon, lors de son passage, le 18 juin 2023, dans l’émission « BFM Politique » animée par Jean-Baptiste Boursier sur BFMTV.
Cynisme
En effet, l’intervenant, qui déplore l’absence d’une approche « plus humaine et solidaire pour faire face à la crise migratoire en Méditerranée, s’est dit préoccupé par le projet d’installation de camps pour migrants dans des pays de la rive sud de la Méditerranée, mentionnant spécifiquement la Tunisie qui se trouve dans une situation économique difficile.
« Ça commence immédiatement avec qui ?», s’interroge l’ancien candidat à l’élection présidentielle française. Comble de cynisme : « Avec ceux qui ne peuvent pas dire non, c’est-à-dire la Tunisie qui, aujourd’hui, est prise à la gorge par le FMI à cause de la crise économique ».
Abordant le volet du projet de réforme européen relatif à la politique d’asile voté récemment par l’Union européenne et dont le but consiste à permettre aux Etats membres de refuser d’accueillir les migrants et de les expulser vers des pays considérés comme étant des territoires « sûrs », à l’instar de notre pays, l’homme politique de gauche, grand ami de la Tunisie, qualifia cette mesure d’«abominable».
Les accords « de la honte »
En effet, après trois ans d’âpres débats, les ministres de l’Intérieur européens sont parvenus le 8 juin dernier à Dublin à trouver un accord sur la réforme du droit d’asile.
L’accord de Dublin prévoit notamment que chaque Etat membre de l’Union européenne est tenu d’accueillir un certain nombre de demandeurs d’asile arrivés dans un pays de l’UE soumis à une pression migratoire (à l’instar de l’Italie et de la Grèce NDLR). Et ce, en fonction de leur population et de leur PIB par habitant. Ou, à défaut, d’apporter une contribution financière de 20 000 euros par demandeur d’asile non relocalisé. De manière à répartir la charge de l’accueil sur les pays membres de l’UE et surtout à éviter que des demandeurs d’asile se perdent dans la nature.
« C’est une honte ! ». Ainsi, s’écriait Jean-Luc Mélenchon en arguant que cet accord doit encore faire l’objet de négociations avec le Parlement européen. S’il était par principe en faveur de la répartition des demandeurs d’asile sur les pays européens, il s’insurge en revanche contre l’idée que ces mêmes pays puissent s’y soustraire en s’acquittant d’une somme de 20 000 euros par réfugié refusé.
« Ce n’est pas une sanction. Si vous donnez 20 000 euros, vous êtes débarrassés. Cela veut dire que ceux qui ont de l’argent pour se payer le fait qu’ils ne veulent pas d’immigrés vont payer », déplore-t-il.
Mais comment forcer un État de l’Union récalcitrant ? « Il faut répartir d’autorité ! », a-t-il martelé. « La question n’est pas de savoir si les pays européens réfractaires veulent ou pas. Sinon à quoi ça sert d’être l’Union européenne ? ».
La tragédie de trop
« Ce qu’il se passe en Méditerranée est abominable, le comportement des autorités grecques est atroce », s’est écrié le chef de la France Insoumise après le naufrage d’une embarcation avec des centaines de migrants au large de la Grèce, qui a fait au moins 78 morts et des centaines de disparus, dont des femmes et des enfants. Sachant qu’au moment du drame, aucun passager n’était équipé d’un gilet de sauvetage.
En effet, un bateau de pêche parti des côtes libyennes et transportant des centaines de migrants a chaviré, mercredi 14 juin, dans les eaux internationales au large de la péninsule du Péloponnèse. On ne sait pas précisément combien de passagers étaient sur le bateau, les autorités grecques ayant affirmé que des personnes embarquées sur le bateau de pêche leur avaient assuré avoir été au moins 750 à son bord, dont une centaine d’enfants.
Une vaste opération de sauvetage entamée ce jour-là a permis de secourir 104 personnes au total, malgré de mauvaises conditions de mer et un vent violent. Ces rescapés sont en majorité des Syriens (47) et des Égyptiens (43). Il y avait également douze Pakistanais et deux Palestiniens, selon les autorités grecques.
La Grèce a connu de nombreux naufrages d’embarcations de migrants, souvent vétustes et surchargées, mais il s’agit jusqu’ici du bilan humain le plus lourd depuis sept ans.
Mais que reproche-t-on au juste aux autorités grecques ? Version contre version. Les garde-côtes grecs affirment que le chalutier n’était pas en danger imminent. Du moins, pas dans les heures précédant le naufrage, « donc pas besoin d’être secouru ».
Une enquête de la BBC affirme le contraire : le chalutier était à l’arrêt et nécessitait une aide urgente. D’où le terrible soupçon de non-assistance à personnes en danger. Glaçant.