Fidèle à son habitude consistant à marquer sa présence sur la scène politique et médiatique, le président de la République, Kaïs Saïed, ne rate aucune occasion pour se faire entendre lors de ses tournées, ses visites dont celles inopinées et des déclarations à forte connotation concernant l’évolution de l’actualité.
On citera la tournée effectuée à Sfax à la veille de la venue en Tunisie de la délégation de l’Union européenne pour montrer la situation des migrants subsahariens, dans la capitale du Sud, la visite inopinée effectuée à Gafsa où il a assuré qu’il se trouvait chez les « siens » sans avoir besoin d’une protection sécuritaire.
Promesses et engagements à Dar Assabah
Il y a eu, également, la visite effectuée à Dar Assabah, menacée de fermeture et de mise des clefs sous le paillasson, une visite permettant de faire des promesses et des engagements quant à la volonté de ne pas laisser tomber cette page de l’histoire et du patrimoine du pays, et ce, contrairement à ce qui a été écrit sur les colonnes de ce média en langue arabe « qu’il n’y a pas âme qui vive pour répondre aux multiples appels au secours… ». Un sentiment de dépit exprimé par le président Saïed à maintes reprises tout au long de son passage dans les locaux du journal.
Le moment fort de ces activités locales a eu lieu avec la visite, toute récente, au siège de la Commission nationale de conciliation pénale qui a suscité de nombreuses réactions et polémiques. Et il y a de quoi. Qu’on en juge !
Réactions et polémiques
Une membre de ladite commission a déclaré avec force détails, à l’adresse du Chef de l’Etat, qu’un homme d’affaires tunisien aurait déposé une demande de conciliation en contrepartie de l’équivalent de dix milliards de dollars, soit plus de trente milliards de dinars.
Face à la remarque d’un de ses collègues réclamant une vérification et devant l’étonnement du Président Saïed, la membre de la Commission nationale a persisté et signé en précisant qu’elle parlait bien de la somme de « trente mille millions de dinars… ».
Emerveillé par l’assurance de cette responsable, Kaïs Saïed a répliqué : « Si ces chiffres s’avéraient véridiques, la Tunisie n’aurait plus besoin d’avoir recours à aucun emprunt… ». En quoi il serait fondé dans sa démarche.
Bien entendu, aux dernières nouvelles et selon les affirmations de son frère, rapportées par une radio de la place, le candidat à la conciliation se trouve en prison pour des chèques impayés. Et surtout qu’il serait complètement fauché…
Barres de fer et unité pharmaceutique
N’aurait-il pas mieux valu patienter quelques heures, le temps de procéder aux vérifications d’usage avant de faire miroiter de telles énormités que personne ne pourra enlever, désormais, de la tête du citoyen lambda.
Quelle réaction va avoir le Chef de l’Etat face à cette désinformation que lui a fait passer la Commission de conciliation pénale ?!
Pourtant, le président de la République et les responsables de la communication au site de la présidence auraient dû retenir les leçons de scénarios précédents et presque similaires, dont notamment ceux ayant eu lieu au dépôt des barres de fer ou encore dans les locaux de l’unité pharmaceutique dont on n’a aucune nouvelle quant aux préjudices subis par les parties, injustement, incriminées.
Et pas plus tard que le 19 juin courant, lors de l’entretien avec les ministres de l’Intérieur français et allemand, le Chef de l’Etat a eu un lapsus en mentionnant que nous sommes au 22e siècle, au lieu de dire, bien évidemment, 21e siècle.
Un lapsus n’est jamais méchant et tout le monde peut en commettre, mais le hic ici, c’est que la vidéo n’a pas été diffusée en direct, d’où la possibilité pour l’équipe présidentielle de communication de rectifier le tir lors de l’opération de montage.
Cet épisode a été marqué par le topo habituel, en l’occurrence une tirade du Président de la République devant ses deux hôtes, curieusement muets comme il le faisait, jusqu’à présent, face aux responsables locaux. Du moins, c’est ce que nous a permis de voir le montage diffusé par le site Facebook officiel de la Présidence de la République.
Par ailleurs, le président de la République parle, bien entendu, d’approches et de conceptions avec lesquelles on ne peut qu’être en parfait accord. Il s’agit de la nécessité du respect de la souveraineté nationale, du refus de faire de la Tunisie un pays d’implantation pour les migrants irréguliers ou encore du rejet de faire de notre pays un garde des frontières d’autres pays.
Mais on aurait mieux aimé avoir, aussi, des informations précises sur la teneur de l’accord projeté entre la Tunisie et l’Union européenne, car jusque-là on a eu droit à un projet de propositions en cinq axes, présenté par la présidente de la Commission européenne avec l’idée d’élaborer conjointement un texte final d’ici la fin du mois en cours.
D’autre part, concernant le dossier avec le Fonds monétaire international, le président Kaïs Saïed a fait connaître ses « niet », mais il n’a jamais fait savoir clairement et publiquement ses propositions.
Au niveau de la dynamique politique, il n’est pas inutile de mentionner certaines remarques, voire des évidences. On citera, à ce propos, le silence inexpliqué de l’Union générale tunisienne du travail (UGTT) qui semble avoir pris des coups fatals quant à son rayonnement et à ses possibilités de jouer un rôle quelconque au sein du paysage politique national.
Pourquoi cette attitude en veilleuse ? L’avenir se chargera d’en faire dévoiler les tenants et aboutissants, voire les dessous.
Et comment expliquer ce retour de certains anciens barons islamistes d’Ennahdha, dont notamment les Abdellatif El Mekki, Imed Hammami, Mondher Ounissi, président par intérim du mouvement islamiste, qui n’ont plus rien à dire.
Par contre, les Abid Briki, plus présomptueux que jamais, Neji Jalloul et Lotfi M’raïhi, qui se font inviter par certains plateaux radiotélévisés pour faire de la « littérature », ne disposent d’aucune base digne de ce nom et d’aucun programme à présenter.
Reste, alors, le Parti destourien libre (PDL) qui poursuit de multiples actions sur le terrain tout en maintenant la diffusion de ses « live » qui attirent, à chaque fois, des milliers de personnes qui les voient et les commentent, sans oublier que généralement les révélations faites par Abir Moussi ne sont pas dépourvues d’exactitude.