Pour la première fois depuis son déclassement vers la catégorie « Spéculatif Grade » en 2012, la note de la Tunisie est dégradée de deux crans par l’agence Fitch Ratings, passant de CCC+ à CCC-.
C’est un signal fort pour tirer la sonnerie de la fin de la récréation. Il ne reste plus beaucoup de temps avant de tomber dans le gouffre du « défaut de paiement ». La non-conclusion de l’accord avec le FMI est l’argument majeur de cette mauvaise notation. Mais dans les conditions économiques et politiques actuelles, suffit-il de signer l’accord avec le FMI pour inverser le rating de la Tunisie ? Ce n’est pas sûr !
La signature du Staff Level Agreement en octobre 2022
La signature du Staff Level Agreement en octobre 2022 n’a pas empêché le downgrading par l’agence Moody’s de la note de la Tunisie de Caa2 à Caa1 en janvier 2023. L’agence a déclaré que la faiblesse du gouvernement et les risques sociaux importants intensifient les grandes difficultés financières et augmentent le risque pays. De même, quelques mois après le décaissement de la première tranche du prêt accordé par le FMI, 261,13 millions de DTS (équivalant à environ 347 millions de dollars), en décembre 2022, l’agence Fitch Ratings a dégradé la note de l’Egypte le 5 mai 2023 de B+ à B. Les incertitudes vis-à-vis de la capacité du pays à répondre à ses besoins de financement extérieurs et surtout les retards enregistrés dans la mise en œuvre de certaines réformes économiques expliquent la raison de cette dégradation. La lenteur dans l’implémentation des réformes programmées explique le blocage du versement à l’Egypte de la deuxième tranche du prêt prévu déjà depuis mars 2023.
Le chemin des programmes rafistolés par des considérations géostratégiques
Ce n’est pas par le chemin des programmes rafistolés par des considérations géostratégiques (soutien de l’UE sous l’impulsion italienne) que nous pourrons espérer récolter la confiance des marchés et des investisseurs étrangers. Seules des réformes en profondeur, une détermination politique sans faille et une large adhésion sociale, pourront déclencher un cycle vertueux d’amélioration de rating.
Il est urgent de mettre en marche la machine des réformes structurantes de façon sérieuse, sans plus attendre. Nous jouons déjà dans le temps perdu.
Par Lamia Jaidane-Mazigh
Cet article est disponible dans le mag de l’Economiste Maghrébin n 872 du 21 juin au 5 juillet 2023