De nos jours, la question de l’indépendance de la BCT refait surface, suscitant des interrogations. Dans ce contexte, nous avons sollicité l’avis de Ezzeddine Saïdane, expert en économie, qui a proposé son analyse économique.
Selon Ezzeddine Saïdane, l’expert en économie, la Banque centrale doit être indépendante du pouvoir exécutif, tout en restant liée à l’État en tant qu’institution. Cependant, il souligne que la dépendance constatée ces dernières années va à l’encontre de l’objectif d’indépendance de la Banque centrale.
Il met également en évidence le fait que la politique monétaire ne peut pas être indépendante des intérêts de l’économie nationale.
Et de poursuivre: » Or, je constate qu’à partir de la loi n 2016-35 du 25 avril 2016 portant fixation du statut de la BCT, ce n’est pas véritablement de l’indépendance de la Banque centrale dont il s’agit. Je remarque aujourd’hui que l’État se trouve dans une situation difficile, où l’on parle d’une dette non soutenable qui aurait pu être évitée et empêchée par la Banque centrale. Quand je vois aujourd’hui que la planche à billets fonctionne à plein régime, surtout depuis que nous avons dépassé les 5 milliards de dinars de création monétaire au cours des 12 derniers mois, selon les chiffres de la Banque centrale, je me pose la question de savoir où est l’indépendance de la Banque centrale entre les textes de loi et la pratique ».
BCT et lutte contre l’inflation
En ce qui concerne la lutte contre l’inflation, l’expert soulève la question du prix économique à payer. Et précise : « malheureusement, les conséquences actuelles incluent une économie en situation de stagnation, des pertes d’emplois massives, notamment dans les PME, et une inflation à deux chiffres. Non seulement nous n’avons pas réussi à lutter contre l’inflation, mais nous faisons également face à de graves conséquences économiques. Lorsque nous ajustons le taux directeur en Tunisie, on ne parle plus d’inflation, alors que dans tous les pays du monde, un calcul est effectué pour mesurer l’impact sur l’économie. Ce qui nécessite de prendre les décisions nécessaires pour maintenir l’inflation sous contrôle et relancer la croissance. »
Il compare la politique monétaire en Tunisie à celle du Maroc: malgré un taux d’inflation similaire, le Maroc connaît une croissance forte avec un taux directeur qui est de 3%. De ce fait, ces observations remettent en question l’indépendance théorique de la BCT.
En conclusion, il est clair que la Banque centrale de Tunisie joue un rôle crucial dans la stabilité économique et monétaire du pays. Cependant, il reste des questions sur son indépendance réelle par rapport à l’État et sur les conséquences de ses actions sur le secteur privé.