La Tunisienne Sonia Ben Salem a réalisé le documentaire qui explore le mystérieux monde de femmes pourtant très présentes dans notre vie : « Al Machtat ».
Elle suit une mère et ses deux filles, musiciennes spécialisées dans l’animation des mariages en Tunisie. Voilà qu’une personne lambda peut connaître l’intimité de ces artistes.
Présenté à l’Acid à Cannes, ce film sera présent au Festival La Rochelle Cinéma à partir du vendredi 30 juin 2023.
La réalisatrice a accordé à France 24 une interview pour expliquer les tenants et les aboutissants de son film.
Pour commencer, on lui demande ce qui l’a poussée à parler de ces musiciennes? Et la cinéaste tunisienne de répondre : « En parallèle de la réalisation de mon film (Mektoub, 2015), je filmais le mariage de l’une de mes cousines. Ainsi, j’ai pu me rapprocher d’elles. J’étais impressionnée par leur liberté et le fait qu’elles assumaient leur position. J’étais aussi impressionnée par leur façon de gérer l’argent ».
Justement, « vous avez évoqué leur liberté, pourtant cet acquis a dû leur coûter beaucoup de sacrifices », ce à quoi elle répondu par l’affirmative. « Bien sûr. Il y a une forme de pudeur et de non-dits dans leur quotidien. Déjà, il leur était difficile le parler au début ».
Plus loin, à la question de savoir si on pouvait considérer « Machtat » comme un regard sur la condition actuelle des femmes tunisiennes, Sonia Ben Salem nuance sa réponse: « Al Machtat parlent beaucoup de la condition féminine dans le monde. Pour moi, il ne faut pas limiter les problématiques liées à la condition féminine à des régions spécifiques, telles que la Provence en France ou la Tunisie, mais les considérer comme universelles ».
Par ailleurs, Machtat évoque également la liberté et la résilience chez les héroïnes du film. « Oui, Najeh et Fatma jouissent d’une liberté intérieure. Pour Waffeh, c’est plus difficile : son mari est tellement mauvais qu’on a dû enlever des choses au montage, autrement c’était trop », confie-t-elle.
Enfin, quand on lui demande pourquoi avoir choisi ce format, elle répond: « J’admire ce format en raison de son histoire unique qui dépasse la fiction. Le documentaire souligne la richesse du réel et la profondeur des dialogues. Je cite un exemple spécifique qui me surprend: une scène où le personnage de Najeh appelle son petit ami pour lui annoncer qu’elle se rend chez le médecin pour une ligature des trompes. J’ai eu l’impression de vivre la vie de ces femmes ».
Avec média