La chercheuse franco-tunisienne Hajer Ben Boubaker est lauréate du 19ème Prix UNESCO-Sharjah pour la culture arabe, décerné également à l’acteur et réalisateur libanais Kassem Istanbouli.
Une cérémonie a eu lieu, le 26 juin, au siège de l’Unesco à Paris pour la remise de ce Prix doté d’un montant de 60 000 dollars, équitablement réparti entre les deux lauréats, sélectionnés sur recommandation d’un jury international.
Hajer Ben Boubaker devient ainsi la troisième tunisienne à avoir remporté ce prix, après Abdelwahab Bouhdiba et El Seed.
AbdelwahBouhdiba, chercheur et professeur de sociologie à l’Université de Tunis qui avait aussi dirigé l’Académie tunisienne des sciences, des lettres et des arts, Beit Al Hikma. Le prix lui avait été attribué en 2004, ex aequo, avec l’historien espagnol Juan Vernet Guinès qui est un grand spécialiste de la science arabe et de l’évolution de la science- en particulier l’astronomie et la cartographie- du Moyen-âge et de la Renaissance.
En 2016, le calligraphe franco-tunisien EL Seed était le lauréat de la 14ème édition du prix Unesco-Sharjah pour la culture arabe, ex aequo, avec l’Egyptienne Bahia Chiheb l’artiste designer et historienne d’art.
Un jury exceptionnel
Le jury de cette édition 2023 était composé de la Tchadienne Aché Ahmed Mustapha (sociologue, réalisatrice et auteure), du Brésilien Geraldo Adriano Godoy de Campos (universitaire-chercheur), du Britannique d’origine syrienne Issam Kourbaj (homme de culture issu du milieu de beaux-arts, d’architecture et de théâtre), de la Marocaine Salima Naji (architecte), et du Japonais Testsuo Nishio (linguiste et chercheur orientaliste).
« Pour cette 19e édition du Prix, le jury international a reconnu les contributions extraordinaires de M. Istanbouli et de Mme Ben Boubaker à la promotion des arts et de la culture arabe et le soutien qu’ils ont apporté à leurs communautés respectives », peut-on lire dans le communiqué de l’Unesco.
« Les lauréats reçoivent ce prix en reconnaissance de leur contribution à l’art et à la culture arabes, ou pour leur participation à la diffusion de ces derniers en dehors du monde arabe ». Ensemble, les lauréats représentent une nouvelle génération de chercheurs, d’auteurs et de traducteurs animés d’un profond désir d’instaurer un véritable dialogue entre la Culture arabe et les autres cultures », indique l’organisation onusienne.
Explorer le patrimoine musical arabe
Hajer Ben Boubaker est une chercheuse indépendante et une directrice de son franco-tunisienne. Ses recherches portent sur l’analyse sociohistorique des musiques arabes et sur l’histoire culturelle de la communauté maghrébine en France et dans le monde. En 2018, elle crée et autoproduit le podcast « Vintage Arab », qui explore le patrimoine musical arabe. Au croisement de la recherche et de l’art, le podcast lui permet de demeurer dans chaque sphère.
Ben Boubaker est productrice et réalisatrice de documentaires pour France Culture, où son travail interroge la mémoire sonore et politique de l’immigration. En tant que chercheuse, elle est associée au fonds de musique arabe et orientale de la Bibliothèque nationale de France (BNF), et continue d’écrire pour des revues scientifiques, dont « Paris, capitale maghrébine : une histoire populaire » (octobre 2023).
Kassem Istanbouli est un acteur et réalisateur libanais. Depuis 2014, il a dirigé la réhabilitation de cinémas historiques au Liban, notamment le « Stars Cinema » à Nabatieh, et « Al-Hamra » et « Rivoli » à Tyr, abandonnés ou détruits pendant la guerre civile.
Il participe à plusieurs projets internationaux dédiés à l’amélioration des compétences, à l’autonomisation des jeunes et aux partenariats. En 2020, il a cofondé l’« Arab Culture and Arts Network » (ACAN) [le Réseau arabe de la culture et des arts] afin de concevoir et de mettre en œuvre des activités culturelles en ligne dans toute la région arabe. Le réseau compte plus de 700 membres, organisations et individus confondus, issus du monde entier.
Istanbouli est également directeur et fondateur du Théâtre national libanais de Tyr et du Théâtre national libanais de Tripoli, et depuis 2014, il est chef de projet à l’Association Tiro pour les arts au Liban.
Retour sur le Prix UNESCO-Sharjah
Le Prix UNESCO-Sharjah pour la culture arabe récompense les réalisations artistiques exceptionnelles des lauréats, qui célèbrent l’art et la culture arabes à travers monde entier. Au cœur du programme antiraciste et antidiscriminatoire de l’UNESCO, le prix promeut la paix et le dialogue afin de favoriser la compréhension interculturelle et de célébrer la diversité.
Créé en 1998 à l’initiative des Émirats arabes unis et géré par l’UNESCO, il récompense chaque année deux lauréats – personnalités, groupes ou institutions – qui par leur travail et leurs réalisations exceptionnelles œuvrent à la diffusion de l’art et de la culture arabes, afin qu’ils soient mieux connus.
Pour commémorer la désignation de la ville de Sharjah (Émirats arabes unis) en tant que Capitale culturelle de la région arabe en 1998, l’Émirat de Sharjah a proposé à l’UNESCO de créer un prix. Il est décerné à des organisations ou à des individus, l’un du monde arabe et l’autre d’un pays non-arabe, qui ont apporté une contribution significative au développement, à la diffusion et à la promotion de la culture arabe dans le monde.
Le Prix UNESCO-Sharjah a couronné, depuis 2001, les efforts de seize personnalités, réparties dans les différents continents, en reconnaissance de leur contribution, chacun dans sa discipline, à l’art et à la culture arabes, soit pour leur participation à la diffusion de ces derniers à l’extérieur du Monde arabe.
Sliman Mansour (Palestine), l’un des artistes les plus influents en Palestine aujourd’hui, et Silvia Alice Antibas (Brésil), directrice de la Chambre arabo-brésilienne de la culture sont les lauréats de la 17e édition. Le prix de la 18e édition a été décerné à l’écrivaine et poétesse Dunya Mikhail (États-Unis d’Amérique / Iraq), et à l’actrice suédoise d’origine syro-irakienne Helen Al-Janabi (Suède).
Avec TAP