La question de la migration interpelle aussi bien du côté tunisien que de celui de l’Union européenne. Et tout porte à croire qu’on s’achemine vers la résolution de ce problème, qui risque d’être une pilule amère pour la Tunisie.
Aux dernières nouvelles, selon le site du journal Le Monde du 29 juin 2023, la Commission européenne avait espéré conclure avant le sommet de l’Union européenne (UE) un protocole d’accord avec la Tunisie. Et ce, pour garantir un « partenariat global » comprenant le volet migratoire.
Mais qu’entend-on par « un partenariat global »?
Cela veut dire que ce type de partenariat pourrait également s’étendre à d’autres pays de la région méditerranéenne. L’article du quotidien français souligne également que « les discussions avec Tunis, sensibles, s’avèrent plus longues que prévu et doivent reprendre lundi (3 juillet 2023, ndlr), après la grande fête musulmane de l’Aïd Al-Adha. »
Ce partenariat devrait inclure entre autres un renforcement des liens économiques et commerciaux, une coopération en matière d’énergie verte et d’un soutien financier s’élevant à plus d’un milliard d’euros. C’est ce qui a été annoncé lors d’une visite à Tunis de la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, accompagnée de la cheffe du gouvernement italien, Giorgia Meloni, et de son homologue néerlandais, Mark Rutte, le 11 juin 2023.
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L’aide européenne annoncée comprend un prêt d’environ 900 millions d’euros, une aide budgétaire de 150 millions d’euros et un paquet de 105 millions d’euros pour la gestion de la migration pour 2023 à travers la surveillance des côtes tunisiennes.
D’ailleurs, l’UE prévoit de livrer d’ici l’été des bateaux, radars mobiles, caméras et autres véhicules à la Tunisie pour l’aider à renforcer le contrôle de ses frontières maritimes et terrestres.
De plus, une coopération policière et judiciaire accrue devrait voir le jour pour lutter contre les réseaux de passeurs.
L’accord (théorique, car il n’a pas encore été signé) stipule également le renvoi en Tunisie des ressortissants se trouvant en situation irrégulière dans l’UE. Et parallèlement, l’UE devrait financer en outre les retours « volontaires » de migrants d’Afrique subsaharienne depuis la Tunisie vers leurs pays d’origine. En tout, 407 retours ont été ainsi financés depuis le début de l’année, selon la Commission.
De plus en plus de bateaux de migrants
Au-delà du contenu de l’accord publié par Le Monde, les arrivées de bateaux de migrants se multiplient quasi-quotidiennement sur l’île italienne de Lampedusa. Selon l’agence de presse italienne Ansa.it, du vendredi 30 juin, sept débarquements comportant 252 migrants ont débarqué pendant la nuit à Lampedusa. Alors qu’en l’espace de 24 heures, ce sont 46 débarquements avec un total de 2 033 personnes arrivées.
Toujours selon le site, les petites embarcations, toutes de 6 à 7 mètres de long en provenance de Sfax en Tunisie et de Zuwara en Libye, étaient secourues dans la zone italienne de Sar et dans les eaux au large de l’île par des patrouilleurs des garde-côtes et de la Garde desFinances.
Notons également que la plupart des nouveaux arrivants ont déclaré être originaires d’Érythrée, du Tchad, du Ghana, du Soudan et d’Égypte.
Au final, que prévoit ce pacte entre la Tunisie et l’Union européenne sur la migration irrégulière? Bruxelles va-t-elle forcer la main du président de la République, Kaïs Saïed, pour accepter ce qu’il a toujours rejeté haut et fort? C’est-à-dire faire de la Tunisie un « gardien des frontières sud de l’Europe? Le cas échéant, que gagnera notre pays? Et surtout, est-ce faisable?