C’est une déclaration de l’ONU, suite à l’assassinat, à bout portant, d’un jeune franco-algérien, dont le nom de famille a été sciemment occulté par les médias français, commis par un policier français, qui traite en usant du jargon diplomatique l’Etat français de raciste. « C’est le moment pour le pays (La France) de s’attaquer sérieusement aux profonds problèmes de racisme et de discrimination raciale parmi les forces de l’ordre », a déclaré le Haut commissariat de Nations unies aux droits de l’Homme.
La police française a aussi arrêté 875 personnes en une seule nuit dont 400 pour la seule ville de Paris, suite aux émeutes qui ont ravagé beaucoup de villes de l’Hexagone. L’ONU déclare tout simplement la police française de raciste, et la police c’est l’Etat. La réaction du président de la République française au meurtre raciste et prémédité, qu’il a seulement qualifié « d’inexcusable » n’est pas à la hauteur de l’événement.
Rappelons seulement pour rafraîchir la mémoire de certains, sa déclaration lors de l’affaire d’El Ghriba, à Djerba où il avait accusé la Tunisie d’antisémite, alors qu’il s’agissait d’un acte terroriste qui a ôté la vie à des juifs et musulmans tunisiens. Dans le cas actuel Nael, assassiné, est musulmans et de nationalité algérienne. Et le meurtrier est aussi un policier, mais pourrait-on pour autant qualifier l’Etat français de raciste et d’anti-musulman ? Bien sûr que non !
Une dérive répressive
Il est cependant à craindre qu’une dérive répressive visant la communauté française de culte musulman ne soit en train de pointer à l’horizon. Le leader de « La France insoumise » Jean Luck Mélanchon, ex-candidat à la présidentielle, a mis en garde le gouvernement contre la politique du « tout répressif ». Des couvre-feux ont été décrétés dans les mairies à forte population musulmane et la cheffe du gouvernement n’exclut pas d’instaurer le couvre-feu sur tout le territoire national. 40 000 policiers ont été déployés sur tout le territoire et 5 000 pour la seule région parisienne.
L’ampleur des émeutes s’explique par le caractère raciste du meurtre du jeune arabe. La mère de la victime a ainsi confirmé aux médias le mobile du crime et une vidéo qui circule sur les réseaux sociaux montre l’ambulancier qui doit récupérer le corps du jeune homme, s’attaquer violemment aux policiers présents, en les avertissant que les habitants de Nanterre, se révolteront. Evidemment, il fût arrêté à son tour et jeté en prison. Quelques heures après c’est toute la France qui s’est embrasée et la situation, tout en étant encore sous contrôle, peut se développer dangereusement.
Suite à la tenue de la cellule de crise le Président Français a appelé les parents à « garder les jeunes à leurs domiciles » afin d’éviter selon et il appelle à la censure des réseaux sociaux, qui selon lui « jettent de l’huile sur le feu » ! Il pointe du doigt « des groupes organisés » sans les identifier et il incrimine les parents (certainement arabo-musulmans) que « la République n’a pas vocation à se substituer à eux ». Une façon de dire qu’ils manquent à leur devoir. Un discours donc musclé et menaçant.
Bref il donne raison à la Police contre une partie de son peuple. Mais Macron va plus loin, en fustigeant « l’instrumentalisation inacceptable » et il « condamne avec fermeté celles ou ceux qui utilisent ce moment pour essayer de créer le désordre et d’attaquer nos institutions ». N’importe autre chef d’Etat du sud qui aurait émis ces propos aurait été qualifié de « dictateur » par les médias français et les ONG à la solde des pays occidentaux, mais pas quand il s’agit d’un président d’un Etat européen. Toujours le fameux principe de deux poids, deux mesures !
En raison de l’étendue des dégâts, la gouvernement français a décidé de déployer les blindés de la gendarmerie, pour empêcher les pillages et les actes de vandalisme qui ont atteint un seuil assez élevé, tandis que le ministre de l’Intérieur a évoqué une réunion avec les grandes plateformes qui contrôlent les réseaux sociaux, Twitter, Tiktoc… pour « les responsabiliser », a-t-il affirmé, une façon de les inviter à censurer les images qu’elles diffusent et qui ont mis le feu aux poudres, selon le président Macron lui-même, occultant par la même occasion les vraies raisons du déclenchement de cette vague de haine et de violence, dont le racisme manifeste que certains policiers français affichent dans l’exercice de leur fonction.
Les arrestations massives de manifestants, est une technique à laquelle a eu déjà recours les gouvernements de Macron depuis la révolte des gilets jaunes, en passant par les manifestants contre la nouvelle loi sur la retraite, arrestations qui sont suivies par des peines de prison, au nom de la défense de la République.
Ligue française des droits de l’Homme (ou internationale) se tint à un mutisme complice, elle qui est toujours prompte à dénoncer l’atteinte à ces mêmes droits dans n’importe quel pays du monde. Pourtant le commissariat des droits de l’homme de l’ONU a été clair et précis et condamne l’Etat français sans appel.
Quant aux filières de ces organisations dans les pays du Maghreb toujours prêtes à taper sur leurs propres Etats, elles se taisent honteusement comme si le racisme qui touche dix millions de maghrébins en France ne fait pas parti de « leurs droits de l’homme ».
Aucune manifestation devant les ambassades de ce pays dans les capitales maghrébines, pour dénoncer le crime raciste commis par un policier français. Pourtant plus d’un million de tunisiens qui vivent sur le territoire français sont concernés. Toujours les deux poids deux mesures !
Du côté des Etats maghrébins, seul le MAE algérien a réagi, en des termes mesurés, la victime étant aussi algérienne. Alors que la question migratoire occupe le centre des rapports entre pays européens et aussi avec les pays de la rive sud, et de l’Afrique subsaharienne, la question de la situation des enfants d’anciens immigrés, devenus français ou ressortissants européens se pose à nouveau avec acuité et divise profondément les sociétés européennes.
montée au pouvoir de l’extrême droite dénote d’un rejet par de pans entiers des sociétés européennes de la greffe migratoire, surtout quand les « greffés », sont d’origine musulmane. Le racisme n’est que la conséquence de ce rejet et ce n’est nullement la seule manifestation. La France est loin d’être épargnée par une crise qui pointe du nez et qui est génératrice de violences et de haine. Ces « immigrés » ne demandent que l’exercice de leurs droits de citoyens et refusent le statut de citoyen de seconde zone.