L’économie verte en Tunisie, véritable alternative à un modèle de développement basé sur une économie rentière, est devenue un véritable engagement pour un pays qui « n’a plus assez de temps pour lancer des réformes structurelles, d’autant plus que la dégradation de l’environnement et le réchauffement climatique affectent de plus en plus la vie des Tunisiens ».
D’après une étude, publiée, récemment, par la Fondation allemande Friedrich-Ebert-Stiftung, sous l’intitulé « Vers un nouveau modèle économique fondé sur la croissance verte et le développement durable en Tunisie », la dégradation de l’environnement et l’aggravation du réchauffement climatique imposent une transition environnementale vers une économie verte en Tunisie.
Pour rappel, notre pays est appelé, dans le cadre de ses engagements internationaux, à réduire ses émissions de carbone de 45%, d’ici 2030, selon l’Accord de Paris.
Les difficultés qui devraient se poser avec la vague de la chaleur de l’été 2023, notamment, celles relatives à la pénurie de l’eau, le manque de céréales et l’aggravation de la pollution, prouvent que la Tunisie souffre de plus en plus des répercussions des changements climatiques, et qu’elle doit, impérativement accélérer la transition vers une économie verte et durable.
Selon la même étude, la dissolution du capital naturel, résultant de l’essoufflement du modèle économique traditionnel, menace le développement économique et social, sur le long terme.
Et de noter que le retard dans la réalisation de la transition énergétique en Tunisie a eu des répercussions sur la transition environnementale en général et a perturbé le passage vers un nouveau modèle de développement.
Il convient de rappeler que le déficit structurel en énergie a atteint des niveaux inacceptables, dépassant les 57% en 2020, entraînant l’accroissement du coût de l’énergie, que ce soit au niveau économique que social.
Le même document souligne que sans un ajustement fondamental du mix énergétique, le déficit ne peut être maîtrisé.
Par ailleurs, le recours aux énergies renouvelables permettrait de faire face aux défis de pénurie de l’eau et de s’adapter au mieux avec les changements climatiques, notamment, dans le secteur agricole, grâce au dessalement de l’eau par les énergies renouvelables.
Le déficit de la balance commerciale énergétique s’est aggravé à fin mars 2023, de 43%, sans tenir compte des redevances du gaz algérien, pour atteindre 2745 millions de dinars (MD), contre 1919 MD, au cours de la même période de 2022, selon la conjoncture énergétique, publiée par l’Observatoire national de l’énergie et des mines.
Le taux d’indépendance énergétique de la Tunisie a légèrement baissé à fin avril 2023, à 51%, contre 52%, en avril 2022, selon l’Observatoire.
La Tunisie instaure une transition environnementale
Dans le cadre de la Stratégie nationale de transition écologique, approuvée par le Conseil des ministres du 3 février 2023, la Tunisie œuvre à élaborer des plans de transition environnementale au niveau de 5 axes relatifs à la gouvernance ; au financement ; à l’adaptation aux changements climatiques ; aux ressources naturelles, biodiversité, production et consommation durables ; ainsi qu’à la lutte contre la pollution et la promotion d’une culture de la transition écologique.
En matière d »adaptation aux changements climatiques, la Tunisie veille à mettre en exécution sa Contribution Déterminée au niveau National, dans le cadre de l’Accord de Paris sur le climat, en faisant impliquer tous les secteurs concernés, outre l’application de la stratégie d’adaptation et de résilience des côtes face aux changements climatiques et la mise en place d’un système national d’alerte précoce sur le climat.
La Tunisie envisage, en outre, de concevoir un programme national d’une Agriculture intelligente, soutenable et résiliente au changement climatique, de protéger, restaurer et renouveler les écosystèmes et de lutter contre la désertification et la dégradation des sols.
La Tunisie subit les aléas de la chaleur et de la sécheresse
Le mois de décembre 2022 a été caractérisé par une hausse remarquable et exceptionnelle des températures dans la plupart des régions. La température moyenne ayant dépassé la moyenne de référence de 3,4 degrés, ce qui a classé le mois de décembre 2022 en étant le plus chaud depuis 1950.
L’année 2023 a également connu le deuxième mois de mars le plus chaud depuis 1950. Les températures moyennes générales enregistrées dans 27 stations principales ont dépassé la moyenne de référence avec une hausse de 1,7 degré.
La Tunisie s’attend, selon les données du ministère de l’Agriculture, à ce que la production céréalière ne dépasse pas 2,5 millions de quintaux au cours de la saison 2023, contre 11 millions en 2022, en raison de la baisse des précipitations pendant la saison d’automne de 65% et l’ensemencement de seulement 76 pour cent de la superficie programmée pour l’ensemencement.
Le phénomène de désertification le plus étroitement lié au changement climatique affecte environ 75% du sol national avec des disparités entre les régions et est exacerbé par la sécheresse et la rareté de l’eau et les répercussions de celle-ci sur les systèmes forestiers, naturels et agricoles de manière significative. Les données du ministère de l’Environnement révèlent que la Tunisie produit plus de 2 millions de tonnes de déchets par an, dont 10% sont des déchets plastiques.
Environ 500 000 tonnes de déchets plastiques, produits par l’économie de rente, finissent chaque année dans la mer, causant de graves dommages aux écosystèmes marins, en plus de nuire à la santé humaine, et coûtant à l’État des ressources financières importantes pour lutter contre ce phénomène et restaurer les systèmes.