Trois semaines après l’annonce par la présidente de la Commission européenne de l’existence d’une proposition pour un projet d’accord sur une batterie de mesures comprenant cinq axes touchant à la remise d’importantes sommes d’argent au gouvernement tunisien, la situation politico-socio-économique en Tunisie empire de jour en jour.
En effet, au moment où les citoyens souffrent le martyre pour obtenir un pain et manger à leur faim, la Tunisie est en train de sombrer dans les violences de toutes parts.
Outre la multiplication des informations à propos d’agressions, parfois mortelles, contre notamment les agents des forces de l’ordre sans que les autorités compétentes ne daignent fournir à l’opinion publique les tenants et les aboutissants de ces actes graves qualifiés, juste, d’incidents ou de simples crimes.
D’ailleurs, c’est le ministère de l’Intérieur qui, seul, parle de ces affaires sans en donner davantage de détails, alors qu’elles sont entachées de plusieurs zones d’ombre.
Quant à l’affaire du complot contre la sûreté de l’Etat, elle ne peut plus être traitée par les médias en Tunisie. Mais, officiellement, ce n’est pas la faute du pouvoir exécutif qui a « l’intelligence de ne pas s’en mêler ». Laissant le soin pour cela à un juge d’instruction d’en décider, dans une première du genre.
A Sfax, tout le monde souffre le martyre
Il s’agit là d’affaires sérieuses ayant accaparé l’attention des Tunisiennes et des Tunisiens. Mais deux autres « histoires » sont venues retenir l’intérêt des citoyens. En l’occurrence des émeutes déclenchées, jusqu’à présent, à Sfax où les habitants autochtones se trouvent confrontés à un bon nombre de migrants en provenance des pays d’Afrique subsaharienne.
On a entendu parler, dans le passé, de certaines violences. Mais un degré de la plus haute gravité semble avoir été atteint avec de véritables batailles rangées impliquant des jets de pierres, des bâtons et des armes blanches. Ce qui a causé des blessés des deux côtés. Un député, Tarek El Mehdi, ayant parlé, lors d’un « live » dans la soirée de lundi 3 juillet 2023, d’un mort d’origine subsaharienne, une information restant à vérifier.
Ainsi, la sonnette d’alarme semble être tirée à Sfax où l’on parle d’un point presque de non-retour si on n’y prenait garde. Des appels se sont multipliés pour la tenue d’un conseil national de sécurité pour étudier les mesures et les décisions à prendre dans les meilleurs délais.
Comment les migrants irréguliers ont-ils été rassemblés dans la capitale du sud?
La situation ayant atteint cette gravité, les observateurs se voient contraints de poser des questions et mettre des points d’interrogation. Et ce, tout en réclamant, cette fois-ci, des réponses, des éclaircissements et, surtout, des décisions fiables et viables pour rétablir l’ordre dans le cadre du respect des lois.
Les autorités sont, désormais, tenues de fournir, au plus vite, des chiffres exacts sur le nombre des migrants africains subsahariens en situation irrégulière.
Pourtant, le président de la République s’est rendu sur les lieux, à Sfax, où il a constaté, de visu, l’ampleur de la crise générée par la présence « illégale » de ces migrants. Sachant que bien d’autres régions enregistrent, dans une proportion plus faible, le même phénomène.
Silence curieux des autorités officielles
Ainsi, les observateurs se demandent comment ces migrants se sont-ils introduits en Tunisie et par quels points de passages frontaliers? Maritimes ou terrestres ? Des témoins à Sfax, passés sur les ondes de certaines radions locales, affirment que des frégates de la Garde nationale déposaient régulièrement des migrants subsahariens récupérés en pleine mer au port de la ville. Et ce, sans que des explications satisfaisantes ne soient fournies.
En ces mêmes moments, les autorités gouvernementales s’illustrent par leur mutisme. En laissant le soin, pour cela, au seul chef de l’État qui, apparemment, est le seul à traiter de ce problème devenu intenable.
Mais le président de la République en reste à l’étape du constat. De même qu’il évite de formuler des propositions ou d’évoquer l’état des pourparlers avec les dirigeants européens. Sachant que, dans l’absolu, le président Kaïs Saïed ne fournit aucune donnée claire concernant les négociations avec la partie européenne. Se contentant de crier haut et fort ce que la Tunisie ne peut admettre; mais sans évoquer ce qu’elle propose.
Accord, pas accord avec l’Union européenne?
Du coup, les Tunisiens se retrouvent astreints à « consommer » les infos émanant des dirigeants européens, en général, et de ceux d’Italie, plus particulièrement, à travers leurs médias et agences de presse.
Plus encore, on a même avancé des dates pour la signature du fameux accord, mais sans la moindre piste crédible. Puisque, d’un côté, le chef de l’Etat ne dit rien de concret; et que de l’autre, aucun ministre et encore moins la cheffe du gouvernement n’arrivent à éclairer la lanterne des Tunisiens en ces temps de crise.
Alors, à quand le dénouement du suspense qui touche, également, le dossier du crédit devant être conclu entre la Tunisie et le Fonds monétaire international (FMI)? Personne ne le sait.
L’autre histoire, de la plus haute importance, est celle mise sur la table par un journaliste d’une radio de la place qui parle d’un dossier qu’il a obtenu avant de le remettre au président Kaïs Saïed, sur sa demande, pour étude.
Encore un mécène pour sauver la Tunisie?!
Il s’agit d’un dossier, selon les premiers éléments fournis par le journaliste en question, où un homme d’affaires tunisien, Khaled Akid, assure avoir la possibilité de mobiliser en faveur de notre pays des investissements d’une somme faramineuse pouvant atteindre les 100 milliards de dollars en vue de servir au financement du budget et des entreprises publiques.
En attendant les contours concrets de cette nouvelle affaire et, surtout, la position du chef de l’Etat, les polémiques vont bon train surtout que tout le monde se rappelle du contenu final du dossier présenté à la Commission de conciliation pénale et qui s’était avéré un véritable « flop ».
Bon à savoir, que la première fois que ledit homme d’affaires s’était révélé au grand public, ce fut en juin 2020. Et ce, lorsqu’il s’était proposé de prendre en main l’équipe du Club Africain. Il était alors présenté comme étant le messie qui venait sauver la grande équipe de Bab Jedid. Mais sans savoir pourquoi, le projet n’a jamais vu le jour…
Un dernier mot sur cette histoire. Un échange de propos, pas aimables du tout, marque, depuis ces derniers jours, les relations entre ce journaliste et d’autres collègues qui l’accusent « d’arnaquer » l’opinion publique. Alors que ce dernier s’en défend, en affirmant vouloir servir la patrie sans chercher le moindre profit. Et en se contentant de servir de simple intermédiaire entre l’investisseur tunisien et le président de la République qui aurait bien voulu prendre connaissance du dossier et envoyer un véhicule spécial pour le chercher…
Il faut dire que les Tunisiens en ont marre des histoires abracadabrantes. Car ils ont besoin, plutôt, qu’on s’occupe sérieusement de leur vécu quotidien. Sans avoir à courir, en vain, derrière du pain, du sucre et d’autres produits de première nécessité.