La Cour d’appel de Paris a confirmé, le 4 juillet, la décision de saisir les fonds du gouverneur de la Banque centrale libanaise, Riad Salameh. Car il est soupçonné de les avoir obtenus illégalement. C’est ce qu’ont indiqué à l’AFP des sources proches du dossier.
Les sources ont indiqué que la chambre d’instruction de la Cour d’appel a rendu une décision confirmant la légalité des opérations de saisie qui ont eu lieu sur les actifs immobiliers et bancaires détenus en France et dans d’autres parties de l’Europe par M. Salameh, qui dirige la Banque du Liban depuis 1993.
La décision a été rendue sur la base d’une requête en examen soumise par les avocats de la défense de M. Salameh devant la Cour d’appel. Et ce, pour contester les saisies effectuées par la France sur les actifs et les biens de leur client évalués à des dizaines de millions d’euros. Lesquels comprennent des appartements dans des quartiers huppés de la capitale, comme le XVIe arrondissement ou encore l’avenue des Champs-Elysées, et d’autres en Grande-Bretagne et en Belgique; ainsi que des comptes bancaires.
On soupçonne que M. Salameh, âgé de 72 ans, a obtenu ces propriétés et actifs par le biais d’opérations financières complexes et de détournement de sommes importantes de fonds publics au Liban. Car il a été gouverneur de la Banque centrale pendant trois décennies et entretient des relations étroites avec la classe politique.
Cette affaire fait l’objet d’enquêtes dans de nombreux pays européens, en plus d’enquêtes au Liban même
Selon des sources proches du dossier, le parquet a demandé confirmation de ces saisies. En effet, il craignait qu’en cas de levée de la saisie, la France ne soit privée de « toute marge de confiscation » au cas où la justice condamnerait un jour Riad Salameh.
L’une des personnes impliquées dans le dossier a expliqué que la confiscation est le « cœur » de la confrontation avec M. Salameh. Tandis qu’une autre source estime que « le ciblage de l’équilibre des biens et des avoirs de M. Salameh est « l’étape tangible de base possible dans ce dossier » à la lumière de la situation du refus du Liban de remettre ses ressortissants recherchés à la justice de pays étrangers et demande leur procès sur son territoire.
Mandat d’arrêt international
De son côté, Riad Salameh, dont le mandat s’achève fin juillet, nie les accusations portées contre lui. De même qu’il considère que sa poursuite intervient dans le cadre d’une campagne politico-médiatique visant à « ternir » son image.
A cet égard, notons que le 16 mai, le juge français chargé d’enquêter sur l’argent et les biens de Salameh en Europe a émis un mandat d’arrêt international contre lui. Et ce, après qu’il a été absent d’une séance d’interrogatoire à laquelle il l’avait convoqué à Paris.
Une source judiciaire libanaise a déclaré à l’époque que les autorités n’avaient pas notifié M. Salameh de la convocation. Et ce, malgré les quatre tentatives des forces de sécurité pour lui remettre la notification au siège de la banque.
La France, l’Allemagne et le Luxembourg ont annoncé fin mars 2022 le gel de 120 millions d’euros d’avoirs libanais, à la suite d’une enquête visant M. Salameh et quatre de ses proches, dont son frère Raja Salameh.
L’enquête porte sur des affaires de blanchiment d’argent et de « détournement de fonds publics au Liban, s’élevant respectivement à plus de 330 millions de dollars et 5 millions d’euros, entre 2002 et 2021 ».