Pour revenir aux relations diplomatiques de la Tunisie, il est important de se rappeler que durant le temps de Bourguiba, ces relations ont connu un âge d’or. Aujourd’hui, on se demande où nous en sommes. Quelles approches devons-nous adopter? Autant de questions que l’ancien ministre des Affaires étrangères, Khemais Jhinaoui, cherche à décortiquer. Il partage ainsi son point de vue, en marge d’un événement sur l’énergie : un corridor pour la Tunisie?
Dans le contexte des mutations géopolitiques en cours, M. Jhinaoui souligne l’importance pour la Tunisie de prendre en compte les changements qui se produisent à la fois en Méditerranée et en Europe; et ce, afin de se positionner de manière géopolitique. Il souligne que les pays qui réussissent sont ceux qui parviennent à s’adapter facilement pour mieux défendre leurs intérêts.
En résumé, il est crucial de sensibiliser le plus grand nombre possible de personnes, les dirigeants politiques et les acteurs de la société civile aux difficultés économiques, pour les transformer en opportunités. Il s’agit de tirer profit de la situation plutôt que de la subir.
La question des flux migratoires
En abordant la question des flux migratoires, l’ancien ministre des Affaires étrangères fait savoir qu’il n’a pas connaissance du contenu du mémorandum de l’accord entre la partie européenne et la partie tunisienne. Cependant, il relève que cette question a été posée depuis longtemps, du temps de feu Béji Caïd Essebsi, quand il était à la tête des Affaires étrangères. Il précise à cet effet que l’Europe avait des difficultés à gérer ce flux migratoire. Avec un impact négatif sur le Vieux Continent, et notamment avec la montée de l’extrême droite.
En outre, il ajoute : « Avant 2011, du temps du régime de Ben Ali, la question ne s’est jamais posée avec cette acuité. Mais l’occasion s’est présentée à partir de 2015 quand l’Italie a proposé la création d’un centre de rassemblement pour les ressortissants migrants en situation irrégulière. Chose qui a été rejetée catégoriquement par feu l’ancien président de la République Béji Caïd Essebsi ».
Khemaies Jhinaoui : « La migration continuera d’exister »
Tout cela nous amène à dire qu’au delà du flou des réactions des uns des autres, « cette affaire de migration reste une affaire normale. Car peu importe les années qui passent, la migration continuera d’exister, puisque c’est un phénomène humain », souligne notre interlocuteur.
Et de poursuivre : « De grands pays dans le monde ont été créés par le phénomène de la migration. A l’instar des USA, de l’Australie. Je veux dire aussi que la Tunisie n’a jamais été un pays de migration massive, mais un pays transit. Donc, il nous revient de refuser d’être le gendarme de l’Europe pour les frontières extérieures. »
En conclusion, il est légitime de s’interroger sur la situation actuelle et les approches qui devraient être adoptées.