« Les gens avant tout : mettons fin à la stigmatisation et à la discrimination, renforçons la prévention ».
En effet, il s’agit d’une journée qui célèbre des individus atteints d’une maladie que l’on ne reconnait pas comme telle, des personnes que l’on considère comme responsables de ce qu’il leur est arrivé et qui devraient être mis à l’écart de la société. Ces malades qui dérangent sont des personnes ayant des troubles de l’usage de substances, plus communément appelées des toxicomanes.
Pourtant, la toxicomanie est bel et bien une maladie qui touche plusieurs aires cérébrales. Elle est caractérisée par sa chronicité et la complexité de ses conséquences aussi bien sur le plan biologique que psychique et social. Les troubles de l’usage de substances sont souvent liés à une forte incompréhension et suscitent le rejet.
La toxicomanie n’est pas seulement une question d’usage de substances illicites ou de comportement déviant, et ne se limite pas seulement au patient et à son environnement proche. Il s’agit d’une question complexe qui touche des millions de personnes dans le monde.
La journée internationale contre l’abus et le trafic de drogues, célébrée le 26 juin dernier sur le thème : « Les gens avant tout : Mettons fin à la stigmatisation et à la discrimination, renforçons la prévention », a pour objectif cette année de sensibiliser sur l’importance de traiter les personnes qui consomment des drogues avec respect et empathie, de fournir à tous des services volontaires fondés sur des données probantes, d’offrir des alternatives à la répression, de donner la priorité à la prévention.
La campagne vise également à lutter contre la stigmatisation et la discrimination à l’égard des personnes qui consomment de la drogue, car c’est le principal facteur qui les dissuade de demander de l’aide et d’accéder à des soins adéquats.
Impossible d’occulter le problème
Il est temps de parler ouvertement de ce problème, car il est devenu impossible de l’occulter tant il prend de l’ampleur. Le rapport mondial sur les drogues 2023 de l’ONUDC publié à l’occasion de cette journée internationale est sans appel, les nouvelles données placent l’estimation mondiale du nombre de personnes qui s’injectent des drogues en 2021 à 13,2 millions, soit 18% de plus que les estimations précédentes.
À l’échelle mondiale, plus de 296 millions de personnes ont consommé de la drogue en 2021, soit une augmentation de 23% par rapport à la décennie précédente. Le nombre de personnes souffrant de troubles liés à l’usage de drogues, quant à lui, a grimpé en flèche pour atteindre 39,5 millions, soit une augmentation de 45% sur 10 ans.
Prédominance croissante des drogues de synthèse qui sont bon marché
La demande de traitement des troubles liés à la drogue reste largement insatisfaite, selon le rapport. Seule une personne sur cinq souffrant de troubles liés à la drogue était en traitement pour usage de drogue en 2021, avec des disparités croissantes dans l’accès au traitement entre les régions. Les populations de jeunes sont les plus vulnérables à la consommation de drogues et sont également plus gravement touchées par les troubles liés à l’utilisation de substances dans plusieurs régions. En Afrique, 70% des personnes sous traitement ont moins de 35 ans.
90 000 décès par surdose liés aux opioïdes en Amérique du Nord
Le rapport met l’accent sur la prédominance croissante des drogues de synthèse qui sont bon marché, faciles et rapides à produire. Cela a radicalement transformé les habitudes de consommation de drogues illicites. Le fentanyl a radicalement modifié le marché des opioïdes en Amérique du Nord, avec des conséquences désastreuses.
En 2021, la majorité des quelque 90 000 décès par surdose liés aux opioïdes en Amérique du Nord impliquaient des fentanyls fabriqués illégalement.
En Tunisie, cette journée internationale a été célébrée par le ministère de la Santé et la direction de la Pharmacie et du médicament, en collaboration avec l’ONUDC et l’ONUSIDA et sous le patronage du ministre de la Santé, avec la tenue d’un atelier de validation du plan opérationnel de « la stratégie nationale de prévention, de réduction des risques et de prise en charge des troubles liés à l’usage de substances psychoactives illicites dans la communauté et en milieu carcéral 2023-2025 ».
Un grand pas vers une population pleine de potentiel qu’il est possible d’aide.
Par Meriem Ben Nsir
Article paru dans le Mag de l’Economiste Maghrébin N°873 du 5 au 19 juillet 2023