Le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, a déclaré, dimanche 9 juillet 2023, que les taux d’intérêt atteindraient « bientôt » un point haut dans la zone euro, avant de rester sur cette « voie haute » le temps qu’il faudra pour que l’inflation ralentisse.
L’inflation des prix à la consommation a ralenti à 5,5 % en glissement annuel en juin dans la zone euro. Mais elle reste bien supérieure à l’objectif de 2 % que la Banque centrale européenne souhaite atteindre d’ici 2025.
« Nous avons dépassé le pic d’inflation en France et nous allons bientôt atteindre le point le plus haut des taux d’intérêt de la zone euro ». Ainsi déclarait M. Villeroy de Galhau, gouverneur de la Banque de France, lors des rencontres économiques à Aix-en-Provence.
« Il ne s’agira pas d’un pic mais plutôt d’une trajectoire élevée que nous devrons garder suffisamment longtemps pour assurer une transmission complète de tous les effets de la politique monétaire », a-t-il ajouté.
Afin d’endiguer l’inflation, la banque centrale a commencé il y a un an à resserrer sa politique monétaire à une échelle sans précédent. Elle a relevé les taux d’intérêt directeurs de 4 points de pourcentage au cours des 11 derniers mois et relevé le taux de dépôt de référence à 3,5 %.
Vers un ralentissement de la croissance
Christine Lagarde, présidente de la Banque centrale européenne (BCE), a déclaré que les hausses de taux d’intérêt se poursuivraient en juillet.
Conséquence de ce resserrement monétaire, les demandes de crédit diminuent. Ce qui entraîne une baisse de la demande de biens et services, et donc un ralentissement des prix, selon Mme Lagarde.
Mais cela entraîne aussi un ralentissement de la croissance. Ce qui accroît l’inquiétude des responsables politiques. Comme c’est le cas en Italie, où le gouvernement craint que « le remède soit plus nocif que le mal ».
Des économistes, dont le Français Olivier Blanchard, ancien économiste en chef du Fonds monétaire international, ont déclaré qu’ils soutenaient le relèvement de l’objectif d’inflation fixé par la Banque centrale européenne de 2 à 3 %.
Mais François Villeroy de Galhau, membre du conseil d’administration de la fondation, rejette fermement cette idée. « C’est un exemple de mauvaise idée », a-t-il dit, car les prêteurs « exigeraient immédiatement au moins 1 % de taux d’intérêt plus élevés », auxquels s’ajouteraient des « frais de prise de risque ».
Pour sa part, le gouverneur de la Banque centrale espagnole, Pablo Hernandez de Cos, a déclaré que l’objectif de 2 % n’avait « pas été choisi au hasard », mais parce qu’il était « considéré comme optimal ».
De son côté, le gouverneur de la Banque d’Angleterre, Andrew Bailey, a vu cela comme « l’application pratique de la stabilité des prix. C’est assez bas mais ce n’est pas zéro, c’est un bon équilibre ».