Jeudi 6 avril 2023, à l’occasion de la commémoration du 23ème anniversaire du décès du premier président de la République Tunisienne Habib Bourguiba, Kaïs Saïed claquait la porte au nez du FMI. Tout en déclarant que la Tunisie, en matière d’économie, pouvait compter sur ses propres moyens.
Le chef de l’Etat affirmait en effet, dans le cadre de cette cérémonie, que : « Il faudrait que l’on compte sur nous-mêmes ». Et ce, en réponse à la question portant sur l’éventualité d’un plan B ou d’une alternative. A cet égard, notons que la Tunisie mène des négociations difficiles avec le Fonds monétaire international (FMI) pour l’obtention d’un crédit de 1,9 milliard de dollars. Lesquels sont nécessaires au sauvetage de son économie.
Il semble que le président de la République insinuait un message pour dire qu’il fallait compter sur les propre ressources de la Tunisie, notamment le phosphate, le tourisme, voire l’exportation de l’huile d’olive.
Cependant, à titre d’exemple, la production de phosphate semble ne pas avoir de beaux jours devant elle. Ainsi, les indicateurs de la production du phosphate commercial au cours du premier semestre de l’année 2023 ont enregistré une baisse de 21 %, en comparaison avec les chiffres de l’année 2022. Et un écart de 50 % par rapport aux estimations de la Compagnie des Phosphates de Gafsa (CPG), selon l’Observatoire Rakaba. La production de phosphate, qui jadis était le fer de lance de l’économie tunisienne, passe depuis 2011 par une période d’incertitude et d’instabilité.
En ce qui concerne le tourisme, bien qu’il soit l’un des moteurs importants de la croissance en Tunisie, il demeure soumis aux aléas du temps et à l’instabilité politique, sociale et même sanitaire. Selon la BCT, les recettes touristiques ont enregistré une hausse remarquable de 54,4 %. En passant de 1438,8 MD, au cours du premier semestre 2022, à 2221,3 MD, à fin juin 2023. Des chiffres importants et remarquables certes; mais il ne faut pas oublier que le tourisme demeure un secteur sensible aux crises et aux rebondissements inattendus.
Enfin, un autre moteur de l’économie, à savoir la consommation, est en panne. La cause en est la dégradation du pouvoir d’achat des Tunisiens et la hausse vertigineuses de l’inflation.
Alors, vu ce tableau, il devient légitime de se poser la question de savoir s’il est possible de pouvoir compter sur nous-mêmes.