Les diplomates brillants sont souvent d’excellents écrivains. Ils peuvent parfois se révéler être des poètes talentueux. C’est le cas de Mohamed Mouldi Kéfi dans son nouveau recueil de poèmes intitulé « Les cendres rosacées » paru aux éditions Leaders.
Diplomate de carrière, ancien ambassadeur de Tunisie au Nigeria, en Russie et en Indonésie avant d’être nommé ministre des Affaires étrangères en 2011, il se ressource dans la musique classique, le jeu d’échecs, la lecture et l’écriture. Nouvelliste, romancier et poète, Mouldi Kéfi promène une plume raffinée pour exprimer des sensations fortes.
Dans les 34 poèmes du recueil, il traite d’une large variété de thèmes allant de sa région natale du Kef au continent africain, en passant par Bourguiba et d’autres immortels, Sabra et Chatila, des figures marquantes de la résistance palestinienne, et autres.
Dans son introduction, Mohamed Mouldi Kefi écrit : A l’instar de nombreux artistes, les poètes possèdent une sorte de troisième œil ou sixième sens qui leur permet de voir et de ressentir ce que la plupart des gens ne peuvent remarquer. Néanmoins, ce ne sont pas des devins, encore moins des prophètes. Guidés par la déesse de la poésie Polymnie, ils perdent souvent le sommeil la nuit en essayant de ciseler, tel un orfèvre, le mot qu’il faut afin d’exprimer les sentiments de révolte qu’ils éprouvent devant les injustices qui crèvent les yeux et sur lesquelles le monde, cynique et froid se tait, indifférent, sourd et muet, quand il n’est pas tout simplement complice de tant d’exactions.
L’exemple le plus édifiant étant aujourd’hui le peuple palestinien dont le supplice dure depuis plus de sept décennies et dont la situation ne fait malheureusement qu’empirer. Comme l’est d’ailleurs l’état de notre planète qui trouve des difficultés à respirer, à nourrir, à désaltérer et à soigner des millions de pauvres hères miséreux surtout en Afrique et en Asie.
La solitude, l’angoisse, l’exil et la nostalgie sont aussi des compagnes fidèles de tout artiste en général et des poètes en particulier. Mais heureusement qu’il reste l’amour, la tolérance, l’empathie et la générosité qu’ils ont toujours chantés et qui demeurent l’espoir, fétu fragile et ténu, auquel l’humanité doit s’accrocher.
Ces thèmes éclectiques ainsi que d’autres sujets tel que le bombardement barbare de Sakiet, la boucherie sanglante de Sabra et Chatila, l’exécution sommaire du jeune Mohamed Addoura ou les attentats terroristes ayant endeuillé la Tunisie durant la dernière décennie, sont l’objet de ce recueil de poèmes écrits aux quatre coins du globe, du Kef à Carthage, de Strasbourg à Berlin, de Moscou à Londres, d’Abuja à Jakarta et de Prague à Jérusalem.
Selon l’inspiration du moment et du lieu, je couchais sur le papier ce qui me torturait l’esprit, cette compilation en est le fruit.