La course entreprise dans l’UE pour réguler l’activité des géants technologiques saute désormais vers le Metaverse. La Commission européenne a présenté mardi 11 juillet 2023 une proposition visant à améliorer la sécurité et la fiabilité des citoyens et des entreprises dans les prochains environnements numériques, en vue d’éviter la concentration entre les mains de quelques acteurs.
Le point clé de la stratégie de la Commission européenne repose sur la mise en place de standards mondiaux pour les mondes virtuels afin d’éviter qu’ils ne soient dominés par quelques grandes entreprises géantes. Une bataille que Bruxelles a déjà menée dans d’autres environnements numériques et à laquelle elle se prépare, de manière préventive. Et ce, compte tenu de la possible concentration de nouveaux formats virtuels entre les mains de quelques-uns.
Ainsi, Bruxelles, main dans la main avec les parties intéressées par ce segment d’activité, promouvra une série de réglementations qui seront appliquées aux nouveaux environnements numériques conformément aux valeurs de l’UE. Cela se traduit par des citoyens pouvant utiliser ces espaces virtuels en toute sécurité et des entreprises développant des applications pour ces environnements.
Mais, au fond, ce que veut la Commission européenne, c’est que ces mondes virtuels soient constitués de technologies avec des standards ouverts qui garantissent l’interopérabilité entre les plateformes et la liberté des utilisateurs.
Avec ce qu’on a appelé la stratégie web 4.0, l’exécutif communautaire tente d’aborder la prochaine étape de la numérisation, celle dans laquelle les objets virtuels et réels vont interagir. Ainsi, la stratégie présentée ce mardi reposera sur quatre piliers : la concurrence, les entreprises, les services publics et les infrastructures.
Des normes ouvertes qui garantissent l’interopérabilité entre les plateformes
Du côté des entreprises, Bruxelles entend remédier au manque d’écosystème d’affaires européen sur l’ensemble de la chaîne de valeur des mondes virtuels. Ainsi, à travers le programme Horizon, elle tente de favoriser la recherche et le développement industriel et technologique dans ce segment. En outre, il soutiendra les entreprises innovantes qui créent de nouveaux outils et, avec les États membres, il cherchera à promouvoir des zones de sécurité réglementaires pour les mondes numériques.
D’autre part, la proposition de l’exécutif communautaire propose d’améliorer les compétences de formation dans le monde numérique, en créant un segment de spécialistes des mondes virtuels. Un effort dans le cadre duquel elle travaillera en coordination avec les États membres pour développer un vivier de talents à la fois par le biais des programmes Europe numérique et Europe créative.
En matière de services publics, la Commission européenne propose de favoriser l’investissement dans les opportunités offertes par les mondes virtuels. Elle a ainsi évoqué le projet de recherche sur les jumeaux numériques des océans, pour favoriser les avancées scientifiques dans ce segment, ou le projet baptisé Destino Tierra, pour créer des communautés locales intelligentes.
En outre, Bruxelles lance deux autres projets phares : Citiverse, un environnement urbain immersif pour l’aménagement et la gestion de la ville; et le Virtual Human Twin, qui reproduira le corps humain pour aider les progrès cliniques et thérapeutiques.
Selon les perspectives du Community Executive, le marché des mondes numériques passera des 27 000 millions d’euros, qu’il représentait en 2022, à 800 000 millions d’euros en 2030. Une transition qui aura un impact direct sur la façon de vivre des gens et qui implique donc des risques auxquels Bruxelles veut faire face avec avantage.