Le président américain Joseph Biden est très soucieux. Il pense à la prochaine élection présidentielle à laquelle il semble déterminé à se présenter; malgré son âge avancé et son état de santé chancelant.
Les soucis de Biden proviennent d’une information qui circule aux Etats-Unis et qui, si elle se vérifie, fera perdre au président actuel tout espoir de se faire réélire pour un second mandat en 2024.
De quoi s’agit-il? Selon Seymour Hersh, le doyen des journalistes américains, « Trump pourrait être le candidat républicain et choisirait comme colistier Robert F. Kennedy Jr ». Selon Hersh, qui publie l’information dans son site Substack, « l’étrange duo remportera une énorme victoire sur un Joe Biden chancelant, et de nombreux candidats du parti démocrate à la Chambre et au Sénat verront leurs chances réduites ».
Mais le président américain a d’autres soucis plus immédiats et plus aigus : la guerre d’Ukraine qui évolue de manière totalement opposée aux attentes de ses sponsors américains et européens. Malgré les millions de tonnes d’armement et les milliards de dollars transférés à Kiev, les nouvelles venant du front sont, pour Washington, Londres et Bruxelles, très mauvaises. Elles ne plaisent ni à l’Américain Joseph Biden qui voit son rêve de voir la Russie à genoux s’évanouir; ni au Français Emmanuel Macron qui vient de livrer à son ami Zelensky des missiles ‘’Scalp’’ de longue portée; et encore moins au Britannique Rishi Sunak qui continue d’envoyer à Kiev ses missiles ‘’Storm Shadow’’.
A tous ces responsables qui ne veulent pas entendre parler de diplomatie, le New York Times a publié le dimanche 16 juillet une information dévastatrice : « 20% de l’armement fournis à Kiev par les Américains et les Européens ont été détruits au cours des deux premières semaines de la contre-offensive ukrainienne ».
Face à ce flot de mauvaises nouvelles, le président américain cherchait désespérément la moindre petite bonne nouvelle qu’il pourrait brandir comme une réalisation de son administration démocrate.
Alors qu’il était sur Air Force One, se rendant au sommet de l’OTAN à Vilnius, Biden téléphona au président turc Erdogan. Le président américain avait besoin d’un petit succès au sommet de l’OTAN et seul Erdogan pourrait le lui assurer. Seymour Hersh, qui a des informateurs hauts placés dans l’establishment washingtonien, nous donne les détails de ce coup de téléphone et nous dévoile le secret du retournement surprenant d’Erdogan sur la question de l’adhésion de la Suède à l’OTAN.
La communication qu’a eue le président américain avec son homologue turc depuis Air Force One a été concluante pour les deux. Le premier a promis au second les avions F-16 que Washington refusait jusqu’alors de vendre à la Turquie; ainsi que les pièces détachées pour les F-16 qu’Erdogan possède déjà. Il lui a promis aussi et surtout une ligne de crédit du FMI dont le montant se situe entre 11 et 13 milliards de dollars.
En contrepartie, Erdogan n’a que deux choses à faire : renoncer à son véto au sujet de l’adhésion de la Suède à l’OTAN et prendre ses distances avec Moscou, ce qu’il n’a pas hésité un instant à faire. Mieux encore, ou pire, avec le zèle du nouveau reconverti, le président turc, sans que personne ne le lui demande, alla jusqu’à donner son accord à l’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN…
La question qui se pose est pourquoi le président turc a-t-il pris le risque d’un tel virage si dommageable pour sa réputation internationale? La réponse est fournie par une analyse publiée au moins de juin par le Council on Foreign Relations sur « les risques économiques croissants de la Turquie », citée par Seymour Hersh dans son article susmentionné.
Selon cette analyse, « la Turquie est sur le point de manquer véritablement de réserves de change. Elle est face au dilemme entre vendre son or ou avaler la pilule amère d’un revirement politique total ». Les soucis de Biden ont aidé Erdogan à accélérer sa reconversion.