Lundi 17 juillet 2023, la monnaie unique a terminé la journée à 3,4015 TND, ce qui a ravivé les craintes d’un effondrement souvent annoncé des dernières années, mais jamais réalisé, du dinar.
Pour mieux comprendre, il n’y a pas mieux que de collecter certaines données et réaliser deux petites opérations de calcul pour comprendre l’origine de ce mouvement.
Une évolution qui colle avec l’EUR/USD
Au 31 décembre 2022, les cours sur le marché de change interbancaire indiquaient les taux suivants :
– 1 Euro = 3,3102 TND
– 1 USD = 3,1101 TND.
Cela nous donne une parité EUR/USD à 1,0643. Pour rappel, sur les marchés internationaux était de 1,666 (chiffre de la Banque centrale européenne).
Lundi, les échanges sur le marché interbancaire tunisien ont abouti aux cours suivants :
– 1 EUR = 3,4015 TND
– 1 USD = 3,0332 TND.
Tout calcul fait, cela nous donne une parité EUR/USD à 1,1214. Toujours selon le cours affiché par la Banque centrale européenne, l’EUR/USD a terminé lundi 17 juillet 2023 à 1,1230.
Ce qui s’est passé n’a donc rien à avoir avec une chute du dinar. Il s’agit uniquement d’un effet marché.
Impact mitigé
L’impact de l’envolée de l’euro est mitigé pour l’économie tunisienne.
Pour la balance commerciale, l’effet est positif. Nous exportons 71% de nos marchandises vers l’Union européenne, alors que nous n’y importons que 44%. Cela va contribuer à la réduction du déficit de nos échanges et alléger la balance des paiements.
En matière de paiement de la dette, et au vu du calendrier du reste de l’année, l’effet serait nul. Nous avons des obligations en dollars et en yens (22,4 milliards de yens au mois d’août), deux monnaies sur une tendance baissière. La Tunisie mobiliserait moins que prévu. Mais en même temps, nous avons un rendez-vous clé en octobre prochain avec 500 millions d’euros d’Eurobond qui risque de coûter un peu plus cher qu’attendu.
En ce qui concerne la compensation, poste de charge clé dans le budget de l’Etat, c’est également une bonne nouvelle. Le carburant et les produits alimentaires sont achetés en billets verts. La facture serait moins lourde, ce qui permet de garder les prix le plus longtemps possible à leurs niveaux actuels. Socialement, c’est un facteur clé de succès pour le gouvernement.
En revanche, et pour l’encours global de la dette souveraine, l’impact est négatif. Selon les derniers chiffres de mars 2023, 60,4% de l’encours des emprunts extérieurs est libellé en euro, ce qui va booster mécaniquement cet encours en dépit d’un endettement net négatif.
Enfin, l’inflation serait plus difficile à maîtriser. L’impact positif du dollar se fait généralement ressentir sur les équilibre macroéconomiques et budgétaires. Cependant, la hausse de l’euro est immédiatement reflétée dans les prix au vu du mix produits consommé localement.
Quelle tendance d’ici la fin de l’année ?
Economiquement, le ralentissement de l’inflation aux États-Unis accélère la baisse du dollar. Les marchés pensent maintenant que la Réserve fédérale se rapproche de la fin de son cycle de relèvement des taux d’intérêt.
En même temps, peu de grandes banques internationales s’attendent à une parité EUR/USD supérieure à 1,13 d’ici la fin de l’année. Il ne serait donc surprenant de voir le dinar osciller dorénavant autour de 3,400 euros.