Les affaires culturelles et les festivals placés sous sa tutelle ont été au cœur de l’entretien du président de la République, Kaïs Saïed, mardi 18 juillet 2023 à Carthage, avec la ministre des Affaires culturelles, Hayet Guettat Guermazi.
Le chef de l’Etat a rappelé, à l’occasion de cette rencontre, « les nobles objectifs pour lesquels ont été créés les festivals en Tunisie durant les six dernières décennies », citant l’exemple du Festival international de Carthage et celui de Hammamet, en plus des Journées cinématographiques de Carthage (JCC), lit-on dans un communiqué de la présidence de la République.
Les artistes engagés avaient voix au chapitre
La diffusion de la culture et le développement social étaient au cœur de leur création, souligne Kaïs Saïed, qui a également évoqué » le rôle des clubs de cinéma, des maisons de culture dans toutes les régions du pays « .
Seuls les artistes créatifs et engagés avaient le droit de monter sur la scène du Festival international de Carthage aussi bien que celle du Festival de Hammamet « , rappellera le président, ajoutant que » la participation à ces festivals obéissait à une sélection minutieuse où n’étaient retenus que les artistes dont la participation coïncide avec la politique culturelle de l’Etat « .
Par qui le scandale est arrivé
Cette rencontre entre le président de la République et la ministre de la Culture fait suite à la polémique survenue sur la scène de l’amphithéâtre romain de Carthage lors du spectacle de six humoristes, « La Nuit du rire », donné dimanche 16 juillet 2023. En effet, une improvisation de l’humoriste français AZ au cours de son sketch a suscité des réactions hostiles de la part de plusieurs internautes qui déplorent un contenu inadmissible et un manque de respect envers le spectateur.
Lors d’une conférence de presse, tenue le lendemain (lundi 17 courant) au Théâtre antique de Carthage, le Comité directeur du Festival de Carthage et l’Etablissement national pour la promotion des festivals et des manifestations culturelles et artistiques sont revenus sur cette affaire.
Le directeur du Festival international de Carthage, Kamel Ferjani, a réitéré ses regrets pour cet incident déplorable, soulignant que « ce qui s’est passé était indépendant de la volonté du Comité directeur ». Il a expliqué que ce que le comédien français a présenté sur la scène du festival était « une improvisation qui n’a pas été relevé lors des répétitions ».
Le Comité directeur du festival a déclaré avoir contacté l’humoriste AZ et lui a demandé de s’excuser auprès des Tunisiens, ce qui s’est réellement passé lors de la conférence de presse qui s’est tenue immédiatement après le spectacle.
Un crime au sens du Code pénal
A cet égard, le président Saied a souligné que ce qui s’est passé dimanche soir (16 juillet 2023) sur la scène du festival de Carthage constitue » une violation non seulement contre ce prestigieux festival mais contre les bonnes mœurs ». Il a qualifié cet acte de « crime, tel que stipule la loi 226 bis du Code pénal ».
Il s’est demandé « comment peut-on gratifier quiconque qui porte publiquement atteinte aux bonnes mœurs ou à la morale publique en lui attribuant près de 26 000 euros alors qu’il devrait être emprisonné et payer une amende tel que stipule la loi ».
Lien non évident…
Selon les dispositions de la loi 226 bis du Code pénal : » Est puni de six mois d’emprisonnement et d’une amende de mille dinars quiconque porte publiquement atteinte aux bonnes mœurs ou à la morale publique par le geste ou la parole ou gène intentionnellement autrui d’une façon qui porte atteinte à la pudeur. Est passible des mêmes peines prévues au paragraphe précédent quiconque attire publiquement l’attention sur une occasion de commettre la débauche par des écrits, des enregistrements, des messages audio ou visuels, électroniques ou optiques « .
» Ce n’est pas du hasard si le citoyen est touché dans ses droits les plus élémentaires comme les produits alimentaires et l’accès à l’eau potable », a encore dit Saied. Les dépassements vont au-delà du cadre social pour atteindre » l’éducation et la culture « , a-t-il estimé.
» Ce qui se passe actuellement dans le secteur culturel et autres secteurs ne peut plus continuer ainsi « , conclut le président de la République qui affiche sa grande préoccupation par la situation sur la scène culturelle.
Avec TAP