Avec ses secteurs traditionnels comme la pêche, le transport maritime, le tourisme ou des secteurs émergents tels que la biotechnologie, les énergies maritimes renouvelables liées à la mer et l’aquaculture, l’économie bleue génère entre 3 à 6 000 milliards de dollars chaque année à l’économie mondiale. Grâce à une gestion durable des ressources marines, elle peut jouer un rôle essentiel dans la transformation structurelle et la croissance économique de plusieurs pays.
Mais la surexploitation et la pollution constituent une vraie menace pour la santé des espaces marins et la biodiversité. La Méditerranée est l’une des mers les plus polluées par le plastique au monde, et la région MENA a l’empreinte plastique la plus élevée avec plus de 6 kg par habitant et par an de déchets déversés dans les mers et les océans. Cette pollution coûte chaque année en moyenne 0,8% du PIB pour la région.
La situation de la Tunisie n’est pas meilleure. La côte tunisienne connaît un flux quotidien de plastique supérieur à la moyenne, estimé à 9,5 kg par km de côte chaque jour. L’implication dans différents programmes régionaux et internationaux coordonnés principalement par la Banque mondiale tels que la stratégie « Littoral sans plastique » et le programme « MENA Bleue », montre la prise en compte des autorités publiques de ces menaces. Mais au-delà des stratégies défensives, des stratégies avant-gardistes doivent se mettre en place en urgence. Dévelop- per un modèle économique plus durable fondé sur l’économie bleue nécessite d’abord un engagement de toutes les parties prenantes : Etat, secteur privé, société civile et citoyens. Une dynamique d’innovation devrait aussi s’installer avec un encouragement de l’économie circulaire via la stratégie des 3R (Réduction, Réemploi, Recyclage) et des pistes de financement alternatif avec l’émission des « Blue Bonds » à l’instar des « Green Bonds ».
Avec ses 1300 km de côtes, la Tunisie a toutes les chances de profiter des opportunités qu’offre l’économie bleue pour assurer une croissance inclusive et un développement durable.
La mer n’est pas l’obstacle qui nous sépare de la rive du monde développé, elle est plutôt une voie principale vers notre développement.
Par Lamia Jaidane-Mazigh
Cet article est disponible dans le Mag de l’Economiste Maghrébin n 874 du 19 juillet au 2 août 2023