Montée en puissance des investissements chinois en Algérie. En injectant des milliards de dollars dans divers projets en Algérie, la Chine cherche à renforcer sa présence dans ce pas nord-africain riche en ressources naturelles et au potentiel économique élevé. Et ce afin de sécuriser l’approvisionnement en ressources naturelles essentielles à son développement économique.
Pour sa part, Alger veut diversifier ses partenaires commerciaux pour réduire sa dépendance excessive aux revenus pétroliers. En vue d’adhérer au groupe des BRICS.
Après son périple russe en juin dernier où il fut reçu en grande pompe et au cours duquel il signa avec le maître du Kremlin, Vladimir Poutine, une déclaration sur un « partenariat stratégique approfondi », qui prévoit le renforcement des relations économiques, notamment dans le secteur des hydrocarbures et le domaine militaire, le président algérien, Abdelmajid Tebboune, prit encore une fois son bâton de pèlerin, mais cette fois-ci en direction de l’Empire du Milieu. Et ce à quelques semaines avant la tenue du le Sommet des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) ; un groupe de pays émergents auquel l’Algérie ambitionne d’adhérer.
A ce propos, l’ex-ministre chinois des Affaires étrangères, Wang Yi, avait déjà déclaré, fin 2022, que Pékin accueille « favorablement » l’intérêt exprimé par l’Algérie pour une adhésion au groupe des BRICS. D’autant plus qu’Alger entretient des relations économiques fructueuses avec Pékin.
La France détrônée par la Chine
En effet, avec des parts de marché de 17%, la Chine est le premier fournisseur de ce pays d’Afrique du Nord riche en ressources naturelles après avoir détrôné en 2014 la France.
Outre les entreprises chinoises très actives en Algérie dans les domaines de l’exploitation des ressources naturelles et de la construction des infrastructures et des logements, les échanges commerciaux entre les deux pays ont atteint environ 7,3 milliards de dollars en 2021.
Des investissements XXL
Ainsi, lors de la visite d’Etat de cinq jours en Chine, la première depuis son accession à la présidence de son pays en 2019, le président algérien, qui était accompagné de neuf ministres ainsi que des patrons de grandes entreprises nationales comme Mobilis et Sonatrach, déclara jeudi 20 juillet 2023 que la Chine investira 36 milliards de dollars en Algérie dans plusieurs secteurs. Tels que l’industrie manufacturière, les nouvelles technologies, l’économie de la connaissance, les transports et l’agriculture.
« Les projets et les accords conclus avec la partie chinoise sont énormes et mutuellement bénéfiques pour les deux pays », a déclaré M. Tebboune, précisant que sa visite d’Etat à Pékin ouvrait « tous les horizons de l’investissement » entre les deux pays.
A savoir qu’à l’issue de sa rencontre avec l’homme fort de la Chine, Xi Jinping, 19 accords et mémorandums d’entente ont été signés, couvrant plusieurs secteurs comme le commerce, le transport ferroviaire, la technologie, les télécommunications, l’économie et l’investissement, ainsi que la recherche scientifique et spatiale ou encore l’agriculture.
Le président chinois, qui aura par ailleurs exprimé le « soutien absolu » de son pays à l’adhésion de l’Algérie au groupe des BRICS, a également manifesté l’intérêt de son pays pour la réalisation de plusieurs projets stratégiques en Algérie, dont la construction de deux chemins de fer, l’extension d’un port, ainsi que l’implantation d’une grande usine de batteries au lithium.
Pour sa part, Le président algérien a indiqué que sa visite d’Etat à l’Empire du Milieu « a ouvert des perspectives d’investissement » entre les deux pays, soulignant qu’Alger « entend élever les relations économiques avec Pékin ».
D’ailleurs, ajoutait M. Tebboune, « l’Algérie entretient de bonnes relations avec la Chine, la Turquie, la Russie, le Qatar et avec des pays amis en Europe, comme l’Italie et le Portugal ». Et la France, ancienne puissance coloniale avec laquelle l’Algérie entretient des relations « passionnelles » en dents de scie à cause des blessures qui ont du mal à se cicatriser ? L’oubli semble intentionnel.
Tout n’est pas aussi rose…
Faut-il se réjouir des investissements colossaux de la Chine en Algérie ? Nul doute. Sauf qu’il est à craindre que si l’Algérie contractait des emprunts importants auprès de la Chine pour financer des projets d’infrastructures, cela pourrait entraîner un endettement excessif et des problèmes de remboursement à long terme. De plus, tout ralentissement économique en Chine pourrait avoir un impact négatif sur l’Algérie
En outre, Il est fort probable que certaines entreprises chinoises rapatrient une grosse partie de leurs bénéfices en Chine, ce qui peut entraîner une sortie nette de capitaux du pays hôte et réduire les avantages locaux des investissements. Sans parler de la concurrence déloyale : l’arrivée d’entreprises chinoises puissantes et compétitives pourrait nuire aux entreprises locales algériennes, en particulier aux petites et moyennes entreprises ; lesquelles auront du mal à rivaliser avec ces mastodontes étrangers. C’est le côté sombre de la médaille.
Enfin, se pose le problème de la main-d’œuvre étrangère : les projets d’infrastructures ont souvent recours à une main-d’œuvre chinoise, ce qui limite les opportunités d’emploi direct pour les Algériens. Sachant que les entreprises chinoises sont souvent écornées pour leurs pratiques en matière de travail, y compris les longues heures de travail, les bas salaires et le non respect des conditions de sécurité. C’est l’autre côté sombre de la médaille.