Les dates-anniversaires sont propices à l’établissement des bilans. Autant dire qu’il est loin d’être interdit de se demander si les choses auraient pu évoluer autrement depuis le 25 juillet 1957. 25 juillet 1957 – 25 juillet 2023. Cela fait soixante-six ans que la Tunisie est une République.
Une République qui a mis fin à deux-cent-cinquante-deux ans de règne de la dynastie des husseinites. A l’époque, l’abolition de la monarchie était dans l’ordre des choses. Cette dynastie n’ayant pas donné à la Tunisie que de bons monarques. Leur gestion– et notamment celle de Sadok Bey (1859-1882)- n’a pas laissé dans l’opinion de bons souvenirs. La colonisation s’est installée alors qu’il était au pouvoir, comme son règne connut les injustices. Et notamment au Sahel tunisien où il envoya les troupes du mamlouk, le général Ahmed Zarrouk, pour soutirer des fonds dans le cadre de la décision de doubler le montant des impôts. Le général Zarrouk ratissa des villages et tua nombre d’habitants.
Un mieux-être
La commémoration des dates-anniversaires étant souvent propices à l’exercice qui consiste à établir des bilans, il est sans doute possible aujourd’hui de s’interroger sur le vécu des soixante-six ans de la République Tunisienne. Qu’est-ce qu’ils ont apporté, même si évidemment on ne peut refuser l’idée que la République a transformé le pays? Lorsque le pays abolissait la monarchie, il n’y avait pas d’infrastructures, en dehors de celles que le colonisateur avait bâties; ni encore de personnes bien formées pour pouvoir conduire le pays vers un mieux-être.
Certains diront, à ce stade, que les évolutions que nous avons connues depuis 1957 étaient inscrites dans un mouvement de l’histoire qui veut que les choses ne pouvaient rester en l’état. Et que, de ce fait, la Tunisie allait avoir les progrès enregistrés. Dans le même ordre d’idées, cela n’avait pas grand-chose à voir avec la nature du régime.
Ainsi, l’évolution connue par les monarchies arabes qui se trouvent dans notre région n’est pas mauvaise. Bien au contraire, certaines monarchies avancent à un rythme accéléré. Même s’il s’agit de pays dotés de bonnes ressources naturelles. Mais, pas toutes.
Dubaï et Singapour
Le débat est, ici, sans doute ouvert. Reste qu’une question mériterait peut-être d’être posée en cette date-anniversaire. La voici : n’en pouvait-il pas être autrement? Que ce soit sous Bourguiba (notre photo) et ses trente années de pouvoir, ou encore sous Ben Ali, qui a occupé le pouvoir pendant une période quasi équivalente, jusqu’à arriver à la période actuelle, le République n’a-t-elle pas raté moult occasions?
Qu’est-ce qui manque à la Tunisie pour être au niveau de Dubaï ou encore de Singapour? Aujourd’hui, de par sa position géographique et la qualité de ses cadres, ne pouvait-elle pas être promise à un autre avenir? Qu’est-ce qui manque à la Tunisie à part cette volonté d’aller de l’avant? A part un mauvais logiciel qui la met à la traîne?
Retard dans l’exécution
Immobilisme, farniente, laisser-aller, incapacité à se mobiliser pour un grand projet, retard dans l’exécution… Bien des maux nous empêchent d’aller bien loin. Cela fait depuis février 2023 que nos responsables nous disent que le Code des changes est quasi finalisé; mais il n’a pas encore vu le jour. Il constitue pourtant une grande entrave au développement, dont celui des start-up, un des terrains de distinction des nations aujourd’hui.
Sur au moins trois terrains, la Tunisie pouvait occuper une place de choix dans le concert des nations : l’éducation; la santé; et l’information. Au sortir de la révolution de 2011 et de ses promesses en matière de liberté de presse, rien n’empêchait notre pays de devenir un hub du journalisme régional. Et notamment grâce à l’édification d’une Cité de l’audiovisuel. Comme à Abou Dhabi, Amman ou encore Mascate et Le Caire. Il suffit d’observer les écrans du monde arabe pour se rendre compte que les Tunisiens y sont largement présents.