Quel bilan peut-on dresser de la Conférence internationale sur la migration et le développement? On se demande si cette opportunité pourrait apporter des solutions constructives à la Tunisie?
Elyes Kasri, analyste politique et ancien ambassadeur, livre son analyse sur de la conférence internationale sur le développement et la migration qui s’est tenue à Rome en Italie, dimanche 23 juillet 2023.
Cette conférence a porté sur la gestion des vagues de migrants à partir des pays du Nord de l’Afrique, qui sont des États arabes membres de la Ligue des États arabes et de l’Union africaine, ainsi que des États africains membres de l’Union africaine et des regroupements régionaux d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et du Centre.
Elyes Kasri estime que le fait marquant de cette conférence et de la démarche adoptée par le gouvernement pour signer le mémorandum d’entente est l’isolement dans lequel la Tunisie s’est placée en n’impliquant pas suffisamment les organisations telles que la Ligue des États arabes, l’Union africaine, l’Union du Maghreb arabe ou les groupements régionaux africains concernés par la question de la migration.
Selon lui, les nombreuses lacunes dans la forme et le contenu du mémorandum d’entente signé par le gouvernement avec l’Union européenne pourraient être la principale raison de l’échec de cette démarche. Ce qui sous entend que cela va affaiblir la position de la Tunisie dans les négociations. La disparité du rapport de force tant sur le plan économique que démographique est évidente : l’Union européenne compte plus de 500 millions de citoyens, tandis que la Tunisie compte que 12 millions. Cela explique en grande partie la différence de pouvoir de négociation entre les deux parties.
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Pour notre analyste, « la Tunisie se doit de revoir sa stratégie et de privilégier une approche concertée avec les organisations régionales et internationales concernées. Et ce via la coopération et le dialogue qui seront des facteurs clés pour renforcer la position de notre pays dans ces négociations délicates sur la migration et le développement ».
Autrement dit, en s’appuyant sur une approche inclusive, la Tunisie pourra mieux défendre ses intérêts et trouver des solutions durables et équilibrées pour faire face à ce défi complexe.