Si un changement à la tête du gouvernement était dans l’air du temps, ce qui interpelle le plus aujourd’hui, c’est cette nomination opérée aux alentours de minuit du 1er août 2023. En effet, le président de la République, Kaïs Saïed, a démis Najla Bouden de ses fonctions de chef du gouvernement tard dans la nuit de ce 1er août pour la remplacer illico presto par Ahmed Hachani, une personne inconnue du grand public tunisien.
Concrètement, la Tunisie a donc un nouveau chef de gouvernement en la personne d’Ahmed Hachani. Et parmi toutes les réactions que leconomistemaghrebin.com a recueillies jusqu’à présent, c’est celle de Faouzi Charfi, dirigeant du parti Al Massar, qui semble mettre le doigt là où il faut.
Il exprime son mécontentement vis-à-vis de la nomination d’un chef de gouvernement à minuit, affirmant que le chef de l’État n’a aucune considération pour l’équipe gouvernementale en limogeant la cheffe du gouvernement sans explication ni considération pour son travail.
Il estime que « le gouvernement actuel n’a pas de pouvoir réel et que le chef de l’État agit de manière autoritaire, considérant les ministres comme des fonctionnaires qu’il peut changer à tout moment ».
Malheureusement, ainsi fonctionne un régime présidentiel, voire présidentialiste.
Sur le plan de la forme, la nomination à minuit est choquante, poursuit-il. Tout en ajoutant: » Il aurait pu montrer un peu de respect envers elle (Mme Bouden, ndlr) et s’adresser aux Tunisiens pour expliquer qu’un changement de gouvernement s’impose, plutôt que de le considérer comme un simple changement cosmétique ».
Et d’ajouter: « Le chef de l’État croit en son pouvoir et n’a confiance en personne. La preuve en est que les ministres sont entièrement dévoués à lui, ce qui n’est pas dans l’intérêt de la Tunisie. Le rôle du Premier ministre actuel est purement administratif et non celui de chef de gouvernement ».
Abordant la question des négociations avec le FMI, Faouzi Charfi estime que le gouvernement applique les décisions du FMI sans l’annoncer publiquement et sans accord.
Il appelle à une sensibilisation, une prise de conscience et un discours de vérité pour agir ensemble avec compétence et corriger cette politique qui risque d’être douloureuse pour le pays.
« Ce changement semble être une tentative pour apaiser les tensions et chercher un bouc émissaire, étant donné que dans un régime présidentiel, seul le chef de l’État décide de tout. Je considère que cette nomination est basée sur des liens d’amitié et de confiance… Les personnes nommées restent inconnues de l’opinion publique, malgré ce que l’on peut dire. Cette politique pourrait être très préjudiciable pour le pays, alors que nous disposons de nombreux talents… », conclut-il.