Aujourd’hui, la nouvelle « guerre du pain » prend une nouvelle forme de tensions entre les boulangeries modernes et les autorités. Le ministère du Commerce a annoncé il y a deux jours l’arrêt des fournitures de type de farine PS-7 et de semoule aux boulangeries dites « non classées ».
En réponse à la décision du ministère du Commerce, la Confédération professionnelle des boulangeries modernes affiliée à la CONECT a annoncé, via un communiqué officiel, une série de manifestations ainsi que de protestations consécutives à partir du lundi 7 août 2023 à 9 heures du matin devant le siège du ministère du Commerce. Ces manifestations dureront 15 jours.
Une telle décision inclura également la suspension des activités dans toutes les boulangeries modernes.
Il est important de rappeler que tout a commencé avec les déclarations du président de la République Kaïs Saïed le 27 juillet dernier, au cours desquelles il a annoncé qu’il était temps de mettre fin à la classification actuelle des boulangeries, soulignant qu' »il y a un pain pour les riches et un autre pour les pauvres », alors qu’il devrait y avoir « un seul pain pour tous les Tunisiens ».
La référence est faite à la baguette produite avec de la farine subventionnée par l’État, au prix symbolique de 190 millimes de dinars, un prix qui n’a d’ailleurs pas varié depuis une quinzaine d’années. La farine subventionnée, utilisée pour produire ce type de pain « populaire », est distribuée entre les boulangeries classées, qui devraient produire uniquement ce pain, et celles « non classées », qui produisent également des pâtisseries et d’autres types de pain.
Ces dernières sont accusées par les clients de mélanger des farines subventionnées dans leurs pâtes pour produire ensuite des pains et obtenir une marge plus élevée sur la vente, ou d’acheter des farines conventionnelles auprès de boulangeries agréées qui ne parviennent pas à produire d’autres types de pain que la baguette à 190 millimes.
Depuis la décision d’interrompre l’approvisionnement de ces boulangeries, le résultat a été l’observation de longues files d’attente devant les boulangeries traditionnelles depuis le 1er août, qui ne proposent désormais que des baguettes (autrement dit, pas de pain complet, pain sans sel pour les hypertendus, pain au son pour ceux qui ont des problèmes de santé).
Pendant ce temps, la plupart des boulangeries modernes restent sans approvisionnement et sont en partie fermées. Selon Mohamed Jamali, président du groupe des boulangeries modernes de la Conect, la fermeture de 1 500 boulangeries a entraîné la perte d’emploi de 18 000 employés.
Il convient de noter que les 1er, 2 et 3 août, des brigades mixtes du ministère du Commerce et de l’Intérieur ont effectué des contrôles dans les boulangeries modernes.