Dans un contexte diplomatique tendu, le gouvernement allemand ainsi que d’autres pays européens ont exprimé leur opposition envers le mémorandum d’entente entre la Tunisie et l’Union européenne, qualifié de « partenariat stratégique et global ». C’est ce qu’a révélé Elyes Kasri, ancien ambassadeur et analyste politique, dans une publication sur Facebook.
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« Comme je l’avais pressenti avec un certain nombre d’analystes avertis, le gouvernement allemand, dirigé par le parti social démocrate et la ministre des Affaires étrangères du parti des Verts, semble opposé au mémorandum d’entente Tunisie-UE pompeusement qualifié de « partenariat stratégique et global » et signé le 16 juillet 2023 au palais de Carthage, sous la houlette de Giorgia Meloni, la présidente d’extrême droite du Conseil italien, et d’Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission européenne, bousculée par plusieurs affaires notamment de corruption et désireuse de redorer un blason considérablement terni.
La contestation menée par l’Allemagne et plusieurs pays et institutions européens pour déficit de consultations et surtout l’appréhension de voir l’idéologie d’extrême droite dominer la problématique épineuse de l’immigration semble trouver un écho auprès du conseiller juridique de la Commission européenne, Emer Finnegan, qui semble opter pour la caducité du mémorandum d’entente avec la Tunisie. Et ce, pour déficit de consultations internes au niveau européen et excès de pouvoir de la présidence de la Commission européenne.
La Tunisie ne peut se targuer d’avoir procédé de son côté aux consultations nécessaires ni à l’intérieur, ni avec ses voisins, ni les organisations régionales compétentes, entre autres l’Union du Maghreb arabe, la Ligue des Etats arabes et l’Union africaine.
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L’état actuel de la répartition des pouvoirs en Tunisie et l’absence d’une Cour constitutionnelle ne permettront pas de remettre en question la légalité de cet accord sur un partenariat stratégique et global entre un pays de douze millions d’habitants qui passent leur temps à faire la queue pour le pain, la farine, l’huile, le sucre et le café, et de l’autre côté un groupement régional d’un demi-milliard d’habitants.
Les multiples vices de forme et de fond auraient pu être décelés et évités si les institutions tunisiennes avaient joué leur rôle de négociation et de vérification de la régularité des procédures. Si l’accord d’union avec la Libye signé à la hâte à Djerba nous a valu l’attaque de Gafsa et de nombreux désagréments avec le Colonel Kaddafi, le faux départ du mémoire d’entente avec l’Union européenne pourrait causer des frictions durables avec nos partenaires européens, nos voisins maghrébins et l’ensemble des pays africains. Diplomatie et institutions consultatives nationales, êtes-vous là?
En clair, la signature de cet accord, orchestrée par des personnalités controversées, suscite des inquiétudes quant à l’influence de l’extrême droite et à la gestion de la question migratoire. Et ce, en raison de l’absence de consultations internes au sein de l’Union européenne et de concertations avec les voisins et les organisations régionales, ce qui alimente les critiques.
Cela prouve également que les lacunes dans la préparation de l’accord, conjuguées à la fragilité des institutions tunisiennes, pourraient conduire à des tensions durables aussi bien européennes que régionales. Et tout cela nous amène à dire que la nécessité d’une diplomatie proactive et de consultations nationales est plus pressante que jamais ».
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