Des fouilles archéologiques en cours au Tophet de Salammbô, sur le site de Carthage (banlieue nord de Tunis) ont permis la découverte de cinq pièces d’or d’un diamètre de 2,4 cm datant du 3e siècle avant J.-C.
Au cours d’une visite, ce vendredi 11 août, sur le site de Carthage, les représentants des médias ont eu l’occasion de savoir davantage sur cette découverte de valeur scientifique et historique dévoilée en début de ce mois par une équipe de chercheurs de l‘institut National du patrimoine (INP).
Les archéologues Imed Ben Jerbaniya, Taoufik Redissi, Ahmed Ferjaoui, Kaouther Jendoubi, Nessrine Madahi, khadija Oraibi et Walid Khalfalli sont à l’origine de cette découverte.
Les chercheurs avancent l’hypothèse que les pièces d’or auraient été présentées comme une offrande aux dieux « Tanit » et « Baal ».
Imed Ben Jerbaniya a souligné que les pièces découvertes portent « une effigie de la déesse Tanit », symbole de la maternité, de fertilité et de croissance chez les carthaginois.
Il a relevé « une découverte importante en raison de la rareté des pièces en or datant du 3e siècle avant-J.-C. et qui reflètent la puissance de l’empire Carthaginois et sa prospérité. »
L’archéologue a encore évoqué des découvertes sur le Tophet de Salammbô qui témoignent de « l’importance des divinités phéniciennes Baal Hammon et Tanit chez les Carthaginois et renseigne sur la vie sociale, culturelle et commerciale à Carthage avant sa chute en 146 et sa destruction par les romains ».
Les fouilles proprement dits
S’agissant des fouilles, les chercheurs présentent une excavation mesurant 25 mètres de long et 5 mètres de large et d’une profondeur d’environ 5 mètres. En raison de l’accumulation des eaux, ils devront entamer l’élargissement de son périmètre.
Ces fouilles sont réalisées par une équipe tunisienne relevant de l ‘INP et de l’Université tunisienne ce qui constitue une première dans l’histoire des fouilles sur ce site découvert en 1921 faisant partie du Site de Carthage.
Deux archéologues amateurs ont découvert par hasard ce Tophet. Il s’agit de deux trafiquants de pièces archéologiques, l’un était un ancien militaire converti en agent de police alors que le second était un trafiquant notoire d’objets archéologiques.
1921 constitue une date clé à partir de laquelle la recherche a continué et des études sur la question tant débattue du sacrifice d’enfants, autour de laquelle les scientifiques n’arrivent toujours pas à trancher, jusqu’à aujourd’hui.
Lors des fouilles entamées en 2014, d’autres éléments dont des jarres et des squelettes d’animaux et d’animaux inhumés dans des jarres et des d’enfants ont été également découverts.
Plusieurs tombes d’enfants ont été auparavant découvertes au tophet de Salammbô qui se trouve dans le quartier de Salammbô, pas loin du port punique. Ce sanctuaire et nécropole est ancienne aire sacrée dédiée aux divinités Baal et Tanit.
Ce tophet regroupe un grand nombre de tombes pour enfants. A cet égard, les interprétations des historiens sont multiples disant qu’ils auraient été sacrifiés ou tout simplement inhumés suite à une mort prématurée.
Mais en l’absence de sources écrites sur le rite du sacrifice par les carthaginois, les cause d’inhumation des enfants demeurent toutefois inconnus. Le domaine des croyances et des pratiques religieuses et funéraires chez les carthaginois demeurent ainsi un mystère.
Le périmètre de ce sanctuaire appelé aussi Tophet de Carthage est rattaché au site archéologique de Carthage qui est inscrit sur la Liste du Patrimoine Mondial de l’Unesco depuis le 26 octobre 1979.
Grâce à Carthage, l’Afrique entre dans l’Histoire
« Fondée par les Phéniciens vers 814 avant J.-C, Carthage fit entrer l’Afrique dans l’histoire, lit-on sur le site de l’INP. Carthage punique fut Reine des mers (périple d’Hannon) et se voulut Maîtresse du monde méditerranéen. L’empire punique de Carthage connut des moments de gloire et des guerres célèbres mais disparut en 146 avant J.-C.
Le général romain « Jules César » ordonne la refondation de Carthage qui allait devenir la capitale de l’Africa proconsulaire. Carthage impériale qui lui succéda honora les arts et les lettres. La Carthage chrétienne de saint Augustin semble une cité exaltée autant par la religion que par les passions. Elle devient vandale pendant un siècle, puis byzantine et enfin arabe. La Carthage moderne porte aujourd’hui les témoignages archéologiques de ce prestigieux passé. »
Les vestiges sur la zone du site archéologique de Carthage abritent la Colline de Byrsa, les Thermes d’Antonin, les Villas Romaines, le Tophet Salammbô, le Théâtre Romain, l’Amphithéâtre de Carthage, le Quartier Magon, le Quartier Didon et le Musée Paléochrétien.
Avec TAP