Le 13 août – avec la persistance des enjeux autour des acquis du statut personnel, une question cruciale émerge : dans un contexte où l’égalité entre hommes et femmes est loin d’être atteinte, les droits des femmes issus du CSP sont-ils menacés ?
Soixante-sept ans après la promulgation du Code du statut personnel (CSP), les droits des femmes demeurent inchangés, aussi bien dans la première Constitution à l’époque du dirigeant Habib Bourguiba que dans celle du 27 janvier 2014. Cependant, la Constitution de 2022 ne semble pas refléter ces avancées. Plus de douze ans après le 14 janvier 2011, où en sont les femmes tunisiennes dans leurs aspirations et revendications ?
Cela nous amène à poser la question cruciale : les acquis des femmes du CSP sont-ils en danger ?
Selon Kerim Bouzouita, anthropologue et analyste en stratégie et communication politiques, la réponse est oui. Tout en soulignant: « Simone de Beauvoir disait que les droits ne sont jamais acquis et que nous devrions rester vigilantes toute notre vie pour les défendre. Bien que le cadre juridique tunisien dépasse largement les normes régionales, il ne parvient pas à appréhender la complexité sociale de l’égalité des droits et des opportunités. Toutes les lois résultent de rapports de forces et de dominations. Les rapports de domination et les inégalités peuvent être évalués à travers quelques indicateurs clés ».
En premier lieu, il s’agit d’une question de représentation. Historiquement, ce sont les hommes qui ont légiféré en raison d’un rapport de domination en leur faveur. Mais avons-nous assisté à un changement réel ? Il suffit de jeter un coup d’œil à la composition des instances décisionnelles pour constater que les femmes restent sous-représentées dans des domaines clés tels que le Parlement, le gouvernement et la haute fonction publique.
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Les femmes tunisiennes, qu’elles soient femmes au foyer, dirigeantes d’entreprises, politiciennes ou exerçant des postes traditionnellement masculins, de même que les femmes rurales et agricultrices, doivent se réveiller. Quel que soit leur statut ou leur niveau d’éducation, elles doivent reprendre le flambeau, car, comme on le dit souvent, rien n’est jamais acquis. La lutte continue…