De tout temps, la femme tunisienne a été sur tous les fronts –ou presque-, de tous les combats –ou presque-… au figuré comme au propre.
Habib Bourguiba fit d’elle une arme de combat politique et social en vue de faire évoluer les mentalités. Cela se concrétisa par la promulgation du Code du statut personnel (CSP), qui fut en ce temps une véritable révolution sociale non seulement dans un pays musulman et qui plus est arabe. On connaît la suite. Il alla plus loin et décréta une journée qu’il leur dédia. D’où cette fameuse fête de la femme célébrée le 13 août de chaque année, depuis cette date.
Sur les bancs de l’école, les filles se distinguèrent –et se distinguent encore (regardez les résultats des examens nationaux et observez le pourcentage de filles qui se hissent sur le haut du panier ; certaines d’entre elles gravirent les échelons politiques et/ou économiques (ministres, secrétaires d’Etat, PDG de grandes entreprises publiques, etc. D’autres encore ont tout simplement lancé leur propre business avec plus ou moins de réussite.
Des femmes militantes, leaders, dites-vous. Parlons-en. Le nom de Aziza Othmana par exemple résonne sur l’île de Kerkennah comme jamais ailleurs. C’est elle qui, lors d’un voyage sur l’archipel, vers 1700, et constatant que ses habitants n’avaient de moyens de subsistances que celles tirées de la mer, dès son retour à Tunis, demanda au Bey de Tunis de promulguer un édit attribuant à chaque habitant vivant sur l’île une propriété/parcelle maritime.
Selon nos informations, c’est la première fois qu’une telle loi était émise dans le monde. Et Son vœu fut exhaussé, car le Bey ordonna, depuis cette date, à ce que les Kerkenniens aient des propriétés privées maritimes dans lesquelles ils exerçaient une activité économique qui n’est autre que la pêche. Ces
propriétés sont appelées des « charfias », ou piège à poisson.
On dit souvent que si on n’était pas en terre d’islam, les Kerkenniens auraient élevé Aziza Othmana « déesse de la mer » voire « déesse de la survie », tant son acte leur a permis de de ne pas déserter -définitivement’ l’archipel.
Partout en Tunisie, des édifices, des rues, des écoles, et même un billet de banque (billet de 10 dinars tunisiens), etc. portent son nom.
BCE sur les pays de Bourguiba
Maintenant, faisons un grand saut pour arriver à Béji Caïd Essebsi (BCE)… Beaucoup s’accordent à dire que n’eut été les femmes, son accession à la magistrature suprême n’aurait peut-être pas été possible, en 2014. D’ailleurs, on ne manqua pas de les surnommer “bajboujettes“.
A l’instar de Bourguiba, Essebsi tenta de laisser, lui aussi, son empreinte sur l’Histoire de la Tunisie, avec sa fameuse « loi sur l’égalité homme/femme dans l’héritage ». Malheureusement, il fut mal compris, alors qu’il ne faisait que traduire dans les faits l’esprit de l’article premier de la Constitution, ainsi que la Déclaration universelle des droits de l’Homme : « les hommes naissent égaux ». Quel mal y a-t-il à ça !
Mais entre-temps, il y eut ce compromis –ou compromission- entre lui et le parti que les femmes ne semblaient pas porter dans leur cœur. Inutile de le nommer.
Du coup, le rendu de sa présidence ne fut pas à la hauteur des attentes des femmes.
Mais de façon globale, faut-il désespérer ? Pas du tout. La preuve, elles (les femmes) occupent de plus en plus de postes de responsabilité, que ce soit politique ou entrepreneuriale. Et sur ce dernier point, elles excellent aussi bien en Tunisie qu’à l’international. Plus question de se laisser reléguées aux seconds rôles. Dans beaucoup de cas, elles sonnent même la révolte et prennent le pouvoir. C’est dire !
D’ailleurs, mon patron à l’habitude de dire sous forme de boutade : « En Tunisie il y a deux catégories de femmes : les femmes et les hommes ». Vous avez bien compris.