Mohamed Moez Belhassine, ministre du Tourisme et de l’Artisanat, revient sur les différentes crises auxquelles le tourisme tunisien a été confronté ces dernières années. Et il fait d’importantes annonces pour et sur le secteur touristique.
Pour commencer, le ministre révèle que son département s’oriente vers la création d' »un conseil supérieur du tourisme », en tant que mécanisme de coordination avec les autres ministères intervenant dans ce secteur.
Deuxième annonce, Mohamed Moez Belhassine compte doter le secteur d’un « code du tourisme » dont l’objectif est d’unifier le cadre législatif et d’impulser l’investissement touristique.
La troisième annonce a trait au lancement d’un « compte satellite du tourisme » pour évaluer la contribution réelle du secteur touristique à l’économie nationale. Autrement dit, le poids réel du secteur touristique dans le PIB national.
Quant à la quatrième, elle concerne la mise en place d’un nouveau système de classification des hôtels. Et ce avant la fin de l’année 2023, dans le but d’améliorer la qualité des services.
Un compte satellite
A la question de savoir quelle sa lecture de la situation touristique en termes d’entrées et de recettes, le ministre a répondu : « … Les recettes touristiques enregistrées, estimées à 3,8 milliards de dinars, jusqu’à fin juillet 2023, ne représentent pas la vraie valeur de la contribution de ce secteur dans l’économie nationale. Puisque ce chiffre ne prend pas en considération les dépenses pour les soins médicaux des touristes, les croisières, les achats des produits de l’artisanat, le shopping et aussi les déplacements à l’intérieur du pays surtout pour ceux qui voyagent seuls… »
Pour corriger cet hiatus, M. Belhassine assure que « … le ministère œuvre à mettre en place un nouveau système statistique, à savoir « un compte satellite », conformément aux recommandations de l’Organisation mondiale du tourisme. Et ce, en vue de mesurer le poids du tourisme dans l’économie et son rôle dans la couverture du déficit et l’entrée des devises dans le pays… »
Un conseil supérieur du tourisme
A propos de mesures à même de développer l’attractivité touristique de la Tunisie, il révèle qu' »un conseil supérieur du tourisme sera prochainement créé et sera présidé par le chef du gouvernement. Il regroupera tous les ministres concernés par le secteur ».
Sa mission sera de coordonner entre les différentes parties prenantes, en vue de mettre en place des politiques ainsi que des stratégies nationales pour développer le secteur et de suivre leur exécution, explique-t-il.
Une nouvelle stratégie de développement
Le ministre dévoile également les principales spécificités de la stratégie touristique sectorielle à l’horizon 2035. « Le ministère a mis en place une nouvelle stratégie de développement à l’horizon 2035. Elle est basée sur une vision claire ciblant le renforcement du rôle du tourisme dans le développement socio-économique et environnemental dans les régions et la transformation de la destination Tunisie en l’une des plus importantes destinations compétitives et durables dans le monde à travers la diversification du produit. Et ce, dans le but de sauvegarder le patrimoine culturel et naturel et créer de nouvelles opportunités d’investissement et d’emploi… »
Interrogé sur l’absence du marché russe et les marchés ciblés par la Tunisie pour le remplacer, le ministre du Tourisme a d’abord reconnu que « l’absence du marché russe, à cause de la guerre russo-ukrainienne, a affecté la saison actuelle, étant donné l’importance de ce marché… », en termes de nombre des touristes, mais aussi du nombre des nuitées enregistrées dans les unités hôtelières.
Pour combler ce manque, « le ministère œuvre à diversifier les marchés et à cibler des marchés porteurs dont ceux asiatiques et principalement les touristes en provenance de Chine, d’Indonésie et de la Corée du Sud ».
A rappeler que la Chine a levé, jeudi 10 août 2023, une interdiction des voyages organisés vers plus de 70 destinations supplémentaires, dont la Tunisie. Il s’agit d’une mesure en vigueur depuis la crise sanitaire en 2020 pour les voyages en groupes (lire ici).
Qualité…
Enfin, à la question de savoir quelles mesures ont été prises « face à la flambée des tarifs de l’hôtellerie et la dégradation de la qualité des prestations », Mohamed Moez Belhassine a été clair : « Le ministère n’interfère pas dans cette question. La fixation des tarifs n’est pas seulement liée au classement des hôtels mais prend en compte d’autres paramètres dont l’offre, la demande, la qualité des services, la situation géographique et le niveau de satisfaction des touristes. Pour ce faire, le ministère œuvre à renforcer les campagnes de contrôle. »
Il poursuit l’explication : « Depuis début 2023, 5 mille opérations de contrôle ont été menées dans différentes unités hôtelières et l’activité de certaines d’entre-elles, ont été suspendues temporairement. Nous comptons lancer un nouveau projet de reclassement des hôtels avant la fin de 2023, afin d’améliorer la qualité des services. Il y a aura, ainsi, de nouveaux critères de classement dont la satisfaction des clients, l’éco-responsabilité, l’accessibilité aux personnes à besoins spécifiques… »
Avec TAP