Contre vents et marées et bien qu’il soit inculpé pour la quatrième fois par la justice fédérale en pleine primaire républicaine, l’ex-président américain Donald Trump, 77 ans- qui ambitionne de reconquérir la Maison Blanche en 2024- vient d’affirmer qu’une condamnation ne lui ferait pas arrêter sa campagne.
La nouvelle a fait la Une de la presse internationale : en six mois et pour la quatrième fois, l’ex-président américain Donald Trump est inculpé pénalement par la justice de son pays. Et ce, alors qu’il est en pleine campagne pour la primaire républicaine pour reconquérir la Maison Blanche en 2024. C’est du jamais vu dans le pays de l’Oncle Sam et même dans le monde.
Peine maximale de 20 ans
Ainsi, le grand jury de Géorgie a inculpé, lundi 14 août à Atlanta, l’ex-président des Etats-Unis et 18 autres personnes pour leurs tentatives présumées illicites d’obtenir l’inversion du résultat de l’élection de 2020 dans sept États cruciaux, dont la Géorgie. La procureure s’est basée sur une loi en vigueur en Géorgie, loi sur l’extorsion et l’association de malfaiteurs, qui s’applique en général à la criminalité organisée. La peine maximale est de vingt ans de réclusion.
En effet, « l’accusé Donald Trump a perdu l’élection présidentielle américaine du 3 novembre 2020. L’un des Etats qu’il a perdus était la Géorgie. Trump et les autres accusés dans cet acte d’accusation ont refusé d’accepter que Trump ait perdu. Alors, ils ont sciemment et délibérément rejoint un complot visant à modifier illégalement le résultat de l’élection en faveur de Trump. Ce complot contenait un plan et un objectif communs pour commettre deux ou plusieurs actes d’extorsion dans le comté de Fulton, en Géorgie, ailleurs dans l’Etat de Géorgie et dans d’autres Etats ». C’est ce qu’on pouvait lire dans l’acte d’accusation de 98 pages.
Aussitôt, l’acte d’accusation prononcé, le successeur de Barack Obama attaqua de nouveau la procureure Fani Willis, la traitant de « partisane enragée » au service du président démocrate Joe Biden.
« Elle a stratégiquement ralenti son enquête pour interférer au maximum avec la course à la présidentielle de 2024 », a-t-il encore ajouté d’un ton rageur.
Trump inculpé de 13 chefs d’accusation
Et c’est devant un grand jury de vingt-trois personnes qui devait voter l’inculpation de l’ancien président à la majorité simple que Donald Trump a été inculpé de treize chefs d’accusation. Et ce, en compagnie de dix-huit autres personnes, dont son conseiller, l’ancien maire de New York, Rudolph Giuliani, son ancien chef de cabinet, Mark Meadows, et un responsable du ministère de la Justice sous son administration, Jeffrey Clark.
Au total, quarante-et-un chefs d’accusation différents sont cités envers les dix-neuf inculpés. On note, entre autres, des accusations de : « fausses déclarations et faux documents; usurpation de fonction publique; faux et usage de faux; pressions sur des témoins; une série de délits informatiques; ou encore parjure ».
Rappelons que l’enquête a été déclenchée par un appel téléphonique en janvier 2021 de Donald Trump, dont l’enregistrement a été rendu public. Appel au cours duquel il demandait carrément à un haut responsable de l’Etat de Géorgie de « trouver » les quelque 12 000 bulletins de vote qui lui manquaient pour remporter les élections présidentielles dans cet État clé.
En effet, Trump et ses partisans avaient prétendu dans la foulée du scrutin que des fraudes avaient été commises. Mais des recomptages et un audit mené par le secrétaire d’Etat de Géorgie, un républicain, Brad Raffensperger, n’avaient apporté aucune preuve de fraude généralisée.
Pourrait-il se gracier lui-même ou obtenir l’abandon des poursuites en cas de victoire en 2024 s’il est condamné? Non, car selon la législation américaine, il s’agit d’une affaire au niveau de l’État de Géorgie sur laquelle l’État fédéral n’a pas autorité.
Une série de casseroles judiciaires
L’ancien président, en haut dans les sondages pour la primaire républicaine, doit également être jugé en mars et mai 2024. Il devra répondre de trois affaires plus sulfureuses les unes que les autres.
D’abord, de ses agissements le jour de l’assaut du Capitole, le 6 janvier 2021, quand des centaines de manifestants pro-Trump envahissaient le temple de la démocratie américaine pour contester les résultats de l’élection présidentielle qui donnait Joe Biden vainqueur. Cette affaire pourrait en théorie aller jusqu’à l’interdiction de l’exercice de toute fonction publique civile ou militaire pour Donald Trump, au titre du 14ème amendement de la Constitution américaine. Il a plaidé non coupable le 3 août.
Ensuite, de l’achat du silence d’une actrice de films X. En effet, en 2016, peu avant l’élection présidentielle, Donald Trump aurait payé 130 000 dollars à cette actrice pour acheter son silence à propos d’une relation extraconjugale qu’ils auraient eue dix ans plus tôt. L’ancien président a plaidé non coupable et un procès doit se tenir en mars prochain à New York.
Enfin, d’avoir soustrait des cartons d’archives de la Maison Blanche, dont certaines classées « secret-défense ». Il les aurait emportés dans sa résidence privée de Mar-a-Lago en Floride, en 2021. C’est le FBI qui était venu récupérer ces documents dans le cadre d’une perquisition en août 2022. Soit près de deux ans après la fin de son mandat. Le procès devrait avoir lieu en mai 2024.
Avec toutes ces casseroles judiciaires qui lui collent à la peau, le sulfureux candidat à la Maison Blanche pourra-t-il remporter les élections présidentielles en 2024? Selon la Constitution américaine, rien n’interdit à un citoyen inculpé ou condamné de se présenter à la course à la Maison Blanche. Alors, verra-t-on M. Trump élu, président des Etats-Unis, alors même qu’il se trouve au fond d’une cellule?