La demande de la liquidité par les banques s’est accentuée depuis le début de l’année. Les chiffres les plus récents montrent que ces besoins moyens ont poursuivi leur hausse au cours du deuxième trimestre 2023 pour culminer à 15 816 MTND. Augmentant ainsi de 1 350 MTND par rapport au premier quart de l’exercice. Deux facteurs sont à l’origine de cette situation.
Le premier est le compte courant du Trésor qui représente le principal facteur de retrait de liquidité pour les banques durant cette période. Le recours au financement intérieur était intensif, absorbant près de 1 781 MTND des comptes bancaires via les émissions de Bons du Trésor (3 197 MTND) et la deuxième tranche de l’Emprunt obligataire national (844 MTND). Cela a été atténué grâce aux remboursements, par le Trésor, du service de la dette intérieure pour 2 260 MTND.
Effet restrictif
Le second est les avoirs nets en devises qui ont significativement contribué à l’amplification des besoins des banques en liquidité. Sur le marché de change, elles ont acheté beaucoup de devises contre dinar. Et ce, avec la persistance d’un niveau élevé du déficit de la balance énergétique. Ces opérations ont tiré à la hausse la demande des banques en liquidité de près de 409 MTND tout au long de ce trimestre.
Toutefois, il convient de souligner que l’effet restrictif exercé par ces deux facteurs a été partiellement contrebalancé par l’effet expansif des Billets et Monnaies en Circulation (BMC), moins prononcé que celui du trimestre précédent. Près de 713 MTND de cash ont réintégré les guichets des banques au second quart de l’année. En dépit des retraits importants effectués pendant le mois de juin 2023 pour affronter les dépenses des fêtes; contre 1 611 MTND jusqu’à fin mars 2023. A noter que l’effet expansif des BMC sur la liquidité peut être considéré comme structurel. En effet, les banques bénéficie d’une grande partie des retraits effectués auprès des guichets de la Poste Tunisienne.
Intervention massive de la BCT
Cette situation d’assèchement de la liquidité qui a caractérisé le deuxième trimestre 2023 s’est répercutée sur le volume des interventions de la BCT sur le marché monétaire. En moyenne, elle a totalisé 15 546 MTND, soit une hausse de 10 % par rapport au trimestre précédent.
Par type d’instrument, un accroissement a été enregistré au niveau des opérations principales de refinancement (+913 MTND à 8 465 MTND), des opérations fermes (+563 MTND à 6 160 MTND) et des opérations de swap de change à des fins de politique monétaire (+12 MTND à 48 MTND).
En revanche, les opérations de refinancement à plus long terme d’une durée d’un (1) mois et celles de réglage fin sous forme d’injection de liquidité ont accusé une baisse, revenant respectivement de 921 MTND à 855 MTND et de 22 MTND à 18 MTND.
Les instruments, qui sont à l’initiative de la BCT, ont permis de répondre à près de 98 % du besoin des banques en liquidité au cours du second trimestre 2023. En donnant lieu à un déficit moyen sur le marché monétaire de l’ordre de 270 MTND contre 338 MTND le trimestre précédent.
En parallèle, le montant moyen des facilités nettes s’est replié pour le deuxième trimestre consécutif, s’inscrivant ainsi à 301 MTND (374 MTND au premier trimestre 2023). Cela nous donne une augmentation du volume global de refinancement de 1 345 MTND.
Stabilisation des taux
Les interventions de la BCT ont permis au taux du marché monétaire au jour le jour de s’approcher significativement du Taux Directeur; voire même d’y coller sur une bonne période du deuxième trimestre de 2023. Le taux mensuel moyen du marché (TMM) au second trimestre 2023 a quasiment gardé une stabilité à 8,00 %, en légère baisse d’un point de base par rapport à son niveau au trimestre précédent.
Nous pensons que les tensions vont s’alléger au cours du troisième trimestre 2023. D’ailleurs, les chiffres du 17 août montrent un volume global de refinancement de 15 518 MTND. Certes, l’amélioration des avoirs en devises a significativement contribué à cette réduction des tensions. Cependant, la rentrée sera marquée par l’émission de la troisième tranche de l’Emprunt obligataire national. De plus, le Trésor reprendra ses émissions de Bons du Trésor, et le début sera aujourd’hui avec des BTC 52 semaines de 700 MTND. Il y aura donc une reprise des besoins en liquidité. Ce qui signifie que les taux resteraient élevés d’ici la fin de l’année.