Le 15 août est marqué à la Goulette par la sortie de la Madone de Trapani. Considérée comme la protectrice de la ville italienne de Trapani en Sicile, elle était vénérée par la communauté italienne et sicilienne de La Goulette, à partir de son installation au XVIe siècle. Culturellement, elle a des origines chrétiennes. Puisque le 15 août est la fête de l’Assomption durant laquelle est célébré l’enlèvement miraculeux de la Sainte Vierge au ciel par des anges. En 1848, une église est construite à la suite d’un don de terrain de la part d’Ahmed Ier Bey.
L’ampleur de la fête change pendant la période coloniale. Selon les archives de l’Église catholique, la célébration atteint son apogée en 1909. La célébration commence par la sortie de la Madone de l’église sur les épaules des croyants, qui la font traverser les rues de La Goulette en marchant jusqu’à Tunis. Le tout accompagné par une troupe musicale. Certaines personnes suivent cette procession pieds nus, pour accomplir un vœu. Ceci est suivi par des jeux d’artifices et un concert sur la place Ahmed Bey à La Goulette.
La Vierge était alors posée sur un brancard, porté par une douzaine d’hommes qui se relaient. Et tout autour de la Vierge, une foule bigarrée est là, voulant toucher la statue, qui avec un mouchoir, qui de la main. C’était une manifestation de sympathie interconfessionnelle des familles chrétiennes, musulmanes et juives. Les chrétiens, faisaient porter, le matin, des cierges à l’église.
La tradition de la procession fut abandonnée à partir des années 1960, en raison de la diminution du nombre de chrétiens habitants à La Goulette. En 2017, la célébration a lieu, après la messe, mais d’une façon moins visible, dans la cour intérieure de l’église.
Une grande procession a eu lieu cette année. Elle a suivi la messe. Pour l’occasion, un représentant de l’église de Trapani y assistait. Avec l’accord des autorités compétentes et du conseil municipal de la Goulette, la Madone partie de l’église arrive à la mairie. Une foule multiconfessionnelle assista à cette procession. Le prêtre, qui officia la messe, salua l’esprit de tolérance des autorités tunisiennes et tint à associer à la fête, les familles tunisiennes présentes, lors de la procession.
Remarquons que, selon une coutume bien tunisienne, le 15 août marque la fin de l’été. Ou du moins, cette date est censée nous rappeler que le temps n’est plus aux bains de mer.