Les pirates de haute mer qui sévissaient dans les siècles passés ont nourri les imaginations d’auteurs et de cinéastes qui en faisaient des héros d’œuvres littéraires et cinématographiques. Les historiens de leur côté ont consigné dans leurs livres la lutte des Etats contre les bandits qui sillonnaient la Méditerranée à la recherche de navires solitaires à dévaliser.
Ils nous ont raconté par exemple comment en 1790, Thomas Jefferson, le secrétaire d’Etat de George Washington, recommandait que le Congrès s’engageât à combattre les pirates en Méditerranée. Et de fait, peu de temps après, une armada américaine traversa l’Atlantique, longea le détroit de Gibraltar et s’aventura jusqu’aux côtes libyennes pour régler leurs comptes aux pirates qui prenaient pour cibles les navires marchands américains.
Mais qui aurait pensé un jour que ce pays, qui était l’un des grands pourchasseurs de pirates, deviendrait 230 ans après pirate lui-même? En effet, dimanche 21 août, la plus grande puissance du monde « a commencé à décharger au large des côtes du Texas la cargaison de 800 000 barils de pétrole iranien que transportait un pétrolier battant pavillon des Iles Marshall saisi par les forces navales américaines », selon une dépêche de l’AsociatedPress.
L’affaire remonte au printemps dernier quand le pétrolier ‘’Suez Rajan’’, transportant une cargaison de pétrole iranien destinée à la Chine, a été saisi par les États-Unis et contraint de naviguer vers le Texas au lieu de la Chine. La raison? « L’Iran est sous le régime des sanctions et n’a pas le droit de vendre son pétrole » !
Ni l’ONU, ni aucune autre instance internationale n’a imposé de sanctions contre l’Iran. Celles-ci sont le fait de l’administration américaine qui s’est arrogé le droit de décider des sanctions contre qui elle veut dans le monde, d’appliquer elle-même ces sanctions et de confisquer au besoin les marchandises commercialisées en contravention avec les décisions de l’Empire…
Selon le magazine américain en ligne ‘’antiwar.com’’ : « Les États-Unis ont l’habitude de voler ou de tenter de voler des cargaisons d’énergie iraniennes sous prétexte d’appliquer les sanctions. L’année dernière, les États-Unis ont saisi un pétrolier transportant du pétrole iranien en Grèce et ont tenté de prendre la cargaison, mais un tribunal grec s’est prononcé contre la confiscation ».
Il faut rappeler ici que si la justice grecque se prononça contre la confiscation du pétrole iranien, c’est parce que Téhéran a saisi déjà deux pétroliers grecs en réponse à la décision américaine. Washington n’avait d’autre choix que relâcher le pétrolier iranien pour permettre la libération des deux pétroliers grecs…
Toujours selon le Magazine américain en ligne, « en 2021, le gouvernement américain a vendu 2 millions de barils de pétrole iranien pour 110 millions de dollars. Le pétrole provenait d’un pétrolier saisi près des Émirats arabes unis. »
Ce brigandage en haute mer n’est pas une spécialité de la seule administration Biden. Sous l’administration Trump, les États-Unis ont détourné et vendu du gaz iranien destiné initialement au Venezuela.
Si à la fin du XVIIIe siècle le Congrès américain ordonnait la lutte contre les pirates qui infestaient la Méditerranée, les membres du Congrès en ce XXIe siècle encourageraient l’Etat américain à perpétrer des actes de piraterie dans les eaux tumultueuses du Golfe.
Des membres de la Chambre des représentants et du Sénat cités par Reuters ont affirmé à cet égard : « Il est impératif que l’administration Biden fasse en sorte que l’Iran et les organisations terroristes ne puissent empêcher notre gouvernement de mener des opérations légitimes de maintien de l’ordre. »
Parmi les « opérations de maintien de l’ordre », ces membres du Congrès incluent les actes de piraterie, c’est-à-dire le détournement de pétroliers chargés de pétrole iranien. La preuve, selon Reuters, est que ces honorables représentants et sénateurs exigent d’être informés de « l’évolution de l’opération de déchargement de la cargaison de pétrole iranien au large du Texas » …
Mais il n’y a pas que l’Iran qui est victime de brigandage de l’Empire. Cela fait des années que l’armée américaine occupe le Nord-Est de la Syrie où se trouvent les puits de pétrole syrien. Et cela fait des années que l’occupant exploite et vend le pétrole syrien, un piratage sur terre qui rapporte mensuellement à l’Empire 50 millions de dollars. Alors que le peuple syrien manque désespérément de produits de base et de médicaments…