Afrique, encore elle. Malheureusement toujours pas en termes positifs. Cette fois-ci il s’agit du SMIG –pour Salaire minimum interprofessionnel garanti. Et comme l’ont si bien souligné nos confrères de Jeune Afrique, le continent africain, dans sa partie subsaharienne, est très en retard en la matière.
Sous la plume de Maher Hajbi, Jeune Afrique dresse un état des lieux –loin d’être complet- de la situation du salaire minimum en Afrique. Et ce n’est pas reluisant.
Pour planter le décor, on peut lire ceci : « Promesse sociale phare des décideurs africains, la revalorisation du salaire mensuel minimum est marquée par des disparités régionales ».
Il faudrait cependant noter que dans huit des 55 pays du continent il n’existe pas de salaire minimum, selon des données du Bureau international du travail (BIT) dans son rapport mondial (2020-2021).
Mais même s’il existe dans le reste des pays, c’est souvent théorique. Dans certains pays, on a enregistré quelques progrès, comme au Sénégal, en Côte d’Ivoire, au Bénin, au Togo, au Cameroun, etc.
En effet, selon JA, les Sénégalais actifs dans le secteur privé viennent de connaître une nouvelle revalorisation de leur SMIG après celle opérée en 2018. Le salaire minimum mensuel passe ainsi de 58 900 France CFA (89,79 euros) à 64 223 francs CFA (97,90 euros), rapporte l’hebdomadaire africain. « Cette revalorisation du salaire minimum au pays de la Teranga s’inscrit dans un mouvement qui s’étend sur le continent.
Alors que l’inflation atteint des records depuis le début de la guerre en Ukraine, plusieurs États africains ont récemment décidé d’augmenter leur salaire minimum : Maroc, Cameroun, Côte d’Ivoire, Bénin, Togo », écrit encore Jeune Afrique. Et l’hebdomadaire de poser la question de savoir « lequel de ces pays contraint les entreprises à verser le salaire minimum le plus élevé ? »
On apprend que le Togo et le Bénin « imposent le plus faible salaire minimum avec respectivement 52 000 F CFA (79,27 euros) et 52 500 F CFA (80,03 euros) ». Le Cameroun n’est pas loin avec 60 000 F CFA (91,46 euros). A noter que c’est la première économie de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac). Un peu plus élevé, le salaire minimum des Ivoiriens s’élèvent à 75 000 F CFA, soit 114,33 euros, selon notre source.
Mais il y a un pays qui fait mieux que ceux cités plus haut, c’est le Maroc qui « propose un salaire minimum interprofessionnel garanti de 2 970 dirhams (273,38 euros), soit plus du double du salaire minimum instauré en Côte d’Ivoire ». Et ce n’est pas fini, puisque le gouvernement chérifien serait sur le point de revaloriser le SMIG pour atteindre 3 111 dirhams, soit 286,38 euros; et ce dès septembre 2023. Pour la simple raison que le Royaume connaît une inflation galopante estimée à plus de 10 % en 2023, selon les statistiques du Haut-commissariat au Plan. Rappelons au passage qu’en Tunisie le SMIG dépasse les 459 dinars (environ 137,2 3 euros).
Ceci étant, un économiste au faîte de la chose tunisienne nous a expliqué que pratiquement plus personne ne perçoit le SMIG “officiel“. On serait plutôt aux alentours de 700-800 dinars mensuels.
In fine, le Bureau international du travail (BIT) estime que 32 millions de personnes (environ 24 % des salariés) sont payées à un niveau égal ou inférieur au salaire minimum. Et il y a lieu de se demander combien de personnes en âge de travailler touchent réellement un SMIG dans ces pays.