La Chine accroît son influence en Afrique dans le cadre de ses efforts pour rivaliser avec les États-Unis et renforcer son hégémonie sur les pays en développement, selon le New York Times américain.
Dans un article publié mercredi 23 août 2023, le journal évoque la visite cette semaine du président chinois Xi Jinping en Afrique, sa première en cinq ans. Alors qu’il participait au sommet des BRICS organisé à Johannesburg, en Afrique du Sud.
Au cours de sa visite, le président chinois s’est engagé à renforcer la coopération avec l’Afrique du Sud pour « renforcer la voix des pays pauvres ». En outre, il a félicité les pays en développement pour « avoir secoué le joug du colonialisme ».
Lors de sa visite, Xi a cherché à se présenter comme un leader du monde en développement, indique le journal. Tout en ajoutant que l’accueil chaleureux réservé au dirigeant chinois en Afrique du Sud a renforcé le message que Pékin espère envoyer à l’opinion publique nationale et étrangère.
Le message, selon le journal, est que les efforts de la Chine pour créer une alternative à l’ordre mondial actuel dirigé par les États-Unis sont populaires en dehors de l’Occident.
« Xi essaie de discréditer l’Occident et de montrer qu’une alternative existe », a déclaré Eric Olander, rédacteur en chef du China Global South Project.
Il a ajouté que le président chinois « essaye d’exploiter l’énorme quantité de griefs et de frustrations qui existent dans de nombreux pays en développement à propos de ce qu’ils considèrent comme de la duplicité et de l’hypocrisie de la part des pays riches ».
Une compétition émergente pour l’influence mondiale
Le journal a indiqué que cette frustration est en grande partie causée par de nombreuses années de promesses non tenues de la part des pays développés de fournir des vaccins contre la Covid-19 aux pays pauvres. Mais aussi par le sentiment que l’Occident n’en fait pas assez pour lutter contre les prix élevés des denrées alimentaires et de l’énergie.
« L’Afrique est une compétition émergente pour l’influence mondiale, Pékin injectant des milliards de dollars en prêts, aide et investissements dans des pays longtemps ignorés par l’Occident. », lit-on dans l’article.
Selon les analystes, le résultat de cette démarche chinoise a été d’obtenir le soutien diplomatique des pays en développement au sein d’organisations internationales telles que les Nations Unies et l’accès aux minéraux vitaux nécessaires au fonctionnement d’industries en croissance telles que les voitures électriques.
La frénésie de dépenses de la Chine en Afrique a conduit à l’émergence d’autoroutes et de barrages dans de nombreux pays africains.
Mais ces projets se sont accompagnés de lourdes dettes dans des pays comme la Zambie et l’Angola, qui doivent tous deux des milliards de dollars aux banques publiques chinoises.
Et même si la Chine a restructuré certaines dettes bilatérales avec des pays comme l’Ethiopie et la Zambie, les analystes soulignent que cela ne couvre qu’une petite partie des dues.
Le dirigeant chinois a ciblé les Etats-Unis sans les nommer
En revanche, Xi a décrit la Chine comme une force de stabilité et a évoqué de « vagues initiatives » en matière de développement et de sécurité, selon le journal.
Les analystes affirment que Xi voulait, à partir de tout cela, faire face à la propagation des valeurs libérales occidentales et à l’influence de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord en Afrique et dans d’autres pays du monde. Mais il est néanmoins confronté à un véritable dilemme.
« La Chine est généralement à court d’argent, notamment de devises », déclare Willie Lam, chercheur principal au groupe de réflexion Jamestown à Washington.
« Cela constitue un obstacle majeur aux projets de Pékin visant à étendre son influence dans le monde en développement », ajoute-t-il.