On a attendu des mois le déclenchement de la « contre-offensive » de l’Ukraine que les médias occidentaux annonçaient à cor et à cri. Analystes, « spécialistes » et commentateurs des grands médias américains et européens prévoyaient quasi-unanimement l’écroulement des défenses russes face à l’armée ukrainienne équipée des armes occidentales les plus modernes et les plus sophistiquées.
On a suivi pendant des mois le déroulement de cette « contre-offensive » qui se révéla une catastrophe pour le peuple ukrainien. Dans les deux premières semaines, l’armée d’Ukraine a perdu le tiers de l’armement euro-américain et des milliers de soldats. Les pertes d’armements sont telles qu’elles dépassent largement le rythme de production des fabricants euro-américains. Et les pertes parmi les soldats sont telles qu’elles dépassent largement la capacité des centres de recrutement de les remplacer par de nouvelles recrues.
Et c’est d’autant plus grave que ces centres de recrutement sont gangrénés par une corruption endémique qui fait que les jeunes dont les familles ont les moyens de soudoyer les recruteurs corrompus sont dispensés d’aller au front. La récente décision du président ukrainien de virer tous les directeurs de tous les centres de recrutement aura peu d’impact. Dans la mesure où, comme tout le monde sait, la corruption est généralisée et l’Ukraine est en tête de liste dans ce domaine dans le monde.
Les statistiques rapportées par le journaliste américain Glenn Greenwald dans le site Scheerpost.com sont terrifiantes : « Plus de soldats ukrainiens ont été tués au cours des 18 premiers mois de cette guerre que le nombre de soldats américains tués au cours de la guerre du Vietnam qui a duré plus d’une décennie. »
De tels chiffres ne semblent guère émouvoir les responsables de l’administration Biden qui, dans un accès de cynisme écœurant, ont osé reprocher aux responsables ukrainiens de « se soucier plus de la vie de leurs soldats que de la libération de leurs territoires » !!! Ces reproches ont fait sortir le ministre ukrainien de la Défense de ses gonds en leur répondant : « Venez sur le front et montrez-nous ce que vous pouvez faire ». Une réponse cinglante qui n’a pas plu à ces boutefeux de la Maison Blanche et du Département d’Etat qui n’ont vu les fronts des guerres d’Ukraine, d’Irak et d’Afghanistan que sur les écrans de télévision dans les salons confortables de leurs bureaux à Washington…
Et que fait le président ukrainien Zelensky face à l’hécatombe dans son armée? Sévir de plus en plus contre les déserteurs et recourir aux mesures les plus sévères pour forcer ceux qui ne veulent pas se battre à le faire contre leur gré. En d’autres termes, pour le régime de Zelensky, les jeunes ukrainiens n’ont guère le choix qu’entre s’offrir comme chair à canon, ou subir les châtiments les plus sévères.
Et que fait le président américain Biden face à la défaite cinglante de la contre-offensive? Demander 25 milliards de dollars supplémentaires pour poursuivre cette guerre… Alors qu’il n’offre que des chèques de 700 dollars par foyer aux victimes des incendies bibliques de la ville de Maui dans l’Etat de Hawai! Concrètement, les milliers de familles américaines qui ont tout perdu dans le grand incendie recevront 700 dollars chacune. Et l’Ukraine qui voit quotidiennement l’armement occidental sophistiqué transformé en ferraille et ses soldats tomber comme des mouches recevra une rallonge de 25 milliards de dollars…
On peut déplorer cette politique insensée, mais on ne peut s’en étonner. Car qu’ont fait les politiciens américains depuis la fin de la deuxième guerre mondiale sinon fomenter les dissensions, alimenter les conflits et agresser les pays faibles, dépourvus de défense anti-aérienne et d’arme de dissuasion nucléaire?
Grande puissance militaire et nucléaire, la Russie est immunisée contre les agressions américano-otanesques qui ont dévasté la Serbie, l’Irak, la Libye et autre Afghanistan. Mais Washington a réussi tout de même à l’attirer dans une guerre par procuration où l’Occident fournit argent et armement et les Ukrainiens servent de chair à canon.
Malgré l’effet boomerang de cette guerre par procuration qui a affaibli et endommagé plus les initiateurs que la cible, aucune initiative diplomatique n’est à l’horizon. Et bien qu’elle soit la partie la plus perdante dans l’interminable drame ukrainien, l’Europe continue de se comporter vis-à-vis de Washington comme le cobra face à la flûte indienne.