Incroyable, mais vrai, sommes-nous tentés de dire. A Hammamet, et avec la cherté de la vie qui s’installe, on ne peut plus s’étonner des prix pratiqués par certains commerçants. Une place de parking d’une discothèque située à quelques encablures de La marina est payée à… 20 dinars. Au vu et au su de tout le monde.
« A vendre. Défense d’entrer. Domaine privé de l’Etat. Tél : 71 962 218 ». Celui qui s’approche de la résidence de La Marina de Hammamet rencontre toujours cette annonce sur le mur de ce bien immobilier qui a appartenu un temps à l’épouse du président Zine El Abidine Ben Ali, Leila Trabelsi. 3524 m2 et 64 chambres réparties sur cinq étages. Un local vide qui fait face à l’un des bassins de cette Marina, jadis bien gardé. « Aujourd’hui, le local est, peut-être, habité, comme on dit, par des pigeons », ironise un habitué des lieux qui se souvient de « la surveillance policière des lieux du temps où Leila Trabelsi « régnait sans partage » sur cet espace. En face, se dressent quelques bateaux qui offrent des balades en mer aux estivants qui se font de plus en plus rares en cette fin d’été 2023.
Une impression de vide est également ressentie dans les espaces situés tout autour. Un salon de thé, une agence de voyages, des boutiques de souvenirs et une agence bancaire sont fermés. On y rencontre également des écriteaux sur lesquels sont inscrits « A vendre » ! A proximité de la Résidence, une allée, hier bien fréquentée, est également vide. Un espace lugubre. Et il faut la traverser pour aller sur un des quais qui accueille yachts et bateaux pour trouver une quelconque animation.
Restaurants, cafés, encore boutiques de souvenirs et glaciers peuplent les quais. Tous assez bien fréquentés. Malgré des prix assez exorbitants. Difficile d’avoir un sandwich à moins de 6 dinars 500 millimes ou une crêpe à moins de 10 dinars. « Un Smicard y mettrait son salaire », déclare Mahmoud, fonctionnaire à Nabeul. « Surtout s’il amène avec lui toute la famille », lui répond Abdelaziz, son frère, chemise baluche et pantacourt beige, en affichant une petite grimace.
40 à 50 dinars pour le serveur
C’est que, en cet été 2023, et avec la cherté de la vie qui s’installe dans le pays, la principale donne concerne, selon Mahmoud, une certaine « avidité des commerçants qui ne rêvent que de s’en mettre plein les poches ». « Il faut dire que nombre de commerces d’Hammamet ne trouvent leur compte que pendant les quatre mois de l’été, de juin à septembre », ajoute-t-il. Avec ce qui parait être une exagération. Ainsi une place de parking d’une discothèque située à quelques encablures de La Marina est payée à… 20 dinars. Au vu et au su de tout le monde. Et une table ne peut être réservée à moins de 100 dinars, voire 150 dinars. Il faut dire que deux bouteilles de whisky et de Vodka sont au menu. Avec évidemment un spectacle à thème.
Et il est –quasiment- également difficile de ne pas laisser un pourboire royal, dit-on, au serveur : 40 à 50 dinars. Si l’on veut éviter qu’il vous regarde de travers en quittant les lieux. Ou vous gâche la soirée si vous revenez sur les lieux un beau jour. Cela dans le cas où on ne vous annonce pas que « c’est complet » ! Et dans le même sillage, les places sont bien chères sous les parasols de certains beach bars : pas moins de 30 dinars. Et ne parlons pas des consommations : 50 dinars en moyenne par personne toujours pour certains bars situés sur la plage. A remarquer que les maîtres des lieux n’ont pas beaucoup à s’inquiéter : il y a surbooking surtout les samedis et dimanches. « Et l’on vous dit qu’il y a crise », observe un habitant de habitant qui prétend que la ville accueille deux fois sa population pendant la saison estivale ?