L’euro (EUR) s’est considérablement apprécié par rapport au dollar américain (USD) depuis septembre 2022, date à laquelle il a atteint son niveau le plus bas en raison des inquiétudes concernant les perturbations énergétiques hivernales liées au conflit russo-ukrainien.
La reprise a été soutenue par un hiver relativement doux, une baisse moins importante que prévu de l’offre d’énergie et un soutien fiscal d’urgence aux entreprises et aux ménages.
EUR:USD
(Taux de change, 2022-2023)
Sources: Haveret analyseQNB
Toutefois, une économie américaine plus résistante et une dynamique de ré-accélération puissante laissent entrevoir une certaine vigueur du dollar ces derniers temps. Par conséquent, un an après le début du rallye de l’euro, la monnaie de la zone euro commence à montrer quelques signes de faiblesse, en baisse de 2,7 % par rapport au pic de juin 2023.
Que pouvons-nous attendre de l’euro à l’avenir ?
L’opinion dominante sur le marché est que l’euro devrait être bien soutenu par un ajustement naturel de la surévaluation du dollar et par une Banque centrale européenne (BCE) qui devrait être plus « faucon » en matière de politique de taux d’intérêt que ses homologues aux États-Unis ou au Japon. En fait, les marchés anticipent actuellement une appréciation de 1,8 % de l’euro par rapport au dollar au cours des 12 prochains mois, pour atteindre un taux EUR/USD de 1,12.
Toutefois, nous prévoyons une reprise à court terme de l’USD qui pourrait ramener l’EUR/USD aux niveaux de 1,05 au cours des six prochains mois, avant de se stabiliser autour de la fourchette de 1,07-1,09 au T2-T3 2024. Trois arguments plaident en faveur de notre point de vue, tout en gardant à l’esprit qu’à court terme ou sur un horizon cyclique, les mouvements de change sont dominés par les changements dans les attentes de croissance et les différentiels de taux d’intérêt réels, ainsi que par la prime de risque pour les risques géopolitiques.
Indice de surprise économique Citi
(index points, 2021-2023)
Sources: Bloomberg et analyse QNB
Tout d’abord, une multitude de données économiques négatives dans la zone euro et positives aux États-Unis suggèrent que les attentes en matière d’écart de croissance entre les deux économies seront bientôt révisées de manière significative en faveur des États-Unis. Cela se traduit par un écart important dans l’indice de surprise économique de Citi. Aux États-Unis, les estimateurs de croissance à haute fréquence suggèrent une expansion du PIB de 5,8 % en rythme annualisé au troisième trimestre 2023, soit près de trois fois la plupart des estimations de la croissance tendancielle. En revanche, le même type d’indicateurs suggère une contraction dans la zone euro pour la même période. Par conséquent, l’écart de croissance devrait encore se creuser au cours des prochains mois.
Il est important de noter qu’une économie américaine en surchauffe dans un contexte d’inflation supérieure à l’objectif fixé est susceptible d’inciter la Réserve fédérale américaine à se montrer plus « faucon » que ne le prévoit actuellement le marché. Il est important de noter que la dynamique positive de l’économie américaine devrait encore s’intensifier, car les indicateurs prospectifs, tels que l’indice des directeurs d’achat (PMI) de l’industrie manufacturière et le rapport entre les nouvelles commandes et les stocks, laissent présager une reprise de l’industrie manufacturière américaine, actuellement faible. Cela viendrait s’ajouter à une économie qui bénéficie déjà de faibles taux de chômage, d’une croissance rapide des salaires, d’une forte consommation des ménages et d’une activité robuste dans le secteur des services. En revanche, la BCE pourrait être amenée à adopter une position plus « dovish » plus tôt que prévu. Cela entraînerait une modification des prévisions de taux d’intérêt qui favoriserait le dollar, car des rendements américains plus élevés « attireraient » davantage de capitaux européens vers les États-Unis.
Par ailleurs, les risques géopolitiques (conflit russo-ukrainien) sont susceptibles d’augmenter au cours des six prochains mois, à l’approche de l’hiver européen et du cycle préélectoral américain, ce qui favorisera la demande de valeurs refuges pour le dollar. Une série de risques politiques, géopolitiques et autres pourrait converger au cours des prochains mois, augmentant la prime de risque tout en soutenant la demande de dollars.
Dans l’ensemble, nous nous attendons à ce que le dollar se renforce à court terme par rapport à l’euro, la monnaie de la zone euro inversant davantage les gains enregistrés au cours des 12 derniers mois. Cette évolution devrait être due à un écart de croissance plus important entre les États-Unis et la zone euro, à des différentiels de taux d’intérêt plus importants et à des tendances géopolitiques plus négatives.
D’après communiqué