Les espoirs économiques suscités par l’adhésion de la Tunisie au Comesa, un marché commun de 21 Etats membres avec une population de plus de 580 millions d’habitants, se heurtent à la réalité.
Malgré les attentes légitimes de cette alliance regroupant plus de 583 millions d’habitants, et comme le montre la réalité, on est encore loin des bénéfices espérés.
Des espoirs trop élevés et des attentes nombreuses
Lorsque la Tunisie a rejoint le Comesa, en juillet 2018, de nombreuses déclarations enthousiastes ont été faites sur la façon dont cela pourrait ouvrir de nouveaux horizons pour les exportations tunisiennes, en éliminant les barrières douanières. Mais seulement voilà, entre la réalité et les prévisions, il y a un gap.
Le président de la République, Kaïs Saïed, a affirmé lui-même la volonté de la Tunisie de renforcer sa coopération avec les pays membres du Comesa « pour assurer un développement réel et durable » en Afrique.
D’autres dirigeants tunisiens ont multiplié les déclarations dans ce sens sur cette adhésion à ce regroupement commercial régional africain qui affiche un produit intérieur brut de plus de 805 milliards de dollars.
Cependant, les effets d’annonce et les aspirations se sont heurtés à une réalité plus nuancée. En juillet 2018, Youssef Chahed, à l’époque chef du gouvernement, avait déclaré que « l’accord ouvrira de grands marchés aux exportations tunisiennes », renforçant ainsi leur « compétitivité en réduisant fortement les barrières douanières ». L’initiative devait également attirer des investissements vers la Tunisie, à même de stimuler ainsi la croissance économique.
Dans une présentation majeure, Chawki Jaballi, le directeur de la coopération avec les pays africains et de l’Union africaine au ministère du Commerce, chargé du dossier Comesa, avait énuméré les résultats escomptés de cette adhésion ambitieuse :
- réduction tarifaire (17%),
- accès aux financements de l’intégration régionale,
- diversification des produits exportés,
- facilitation de l’implantation.
Mais, cinq ans plus tard, la Tunisie constate que les retombées des trois premières années d’application de cet accord ne sont pas à la hauteur des attentes.
Un chemin complexe
Le chemin vers la réalisation de ces promesses s’est avéré plus complexe que prévu. Officiellement, le ministère des Affaires étrangères à l’époque avait mis en avant des avancées positives, telles que la suppression des droits de douane pour les biens et produits entre les Etats membres du Comesa. Néanmoins, d’autres facteurs ont compliqué la situation, entre autres la pandémie de Covid-19 et la guerre en Ukraine qui ont affecté les échanges mondiaux.
Un autre défi majeur réside dans la présence relativement faible de la Tunisie dans la région d’Afrique orientale et australe.
Mais en dépit de ces défis, des opportunités subsistent. Certains suggèrent d’exploiter la diaspora tunisienne installée dans les pays du Comesa pour faciliter les échanges commerciaux. D’autres estiment nécessaire l’organisation de foires pour les produits tunisiens, alors qu’un effort accru d’importation depuis les pays du Comesa pourrait contribuer à rééquilibrer le commerce.
En conclusion, l’adhésion de la Tunisie au Comesa est une opportunité économique importante, mais son impact sur l’économie du pays nécessite une approche stratégique et une résolution des défis actuels.
Rihem Karker
Geopolitics & International Relations Student.