Certains Tunisiens cherchent à mesurer leur diplomatie en fonction de l’Algérie; mais cela ne tient pas compte des spécificités tunisiennes. Il est essentiel de reconnaître notre indépendance et nos intérêts nationaux tout en maintenant de bonnes relations avec nos voisins. Elyes Kasri, analyste politique et ancien ambassadeur dresse un état des lieux de la situation diplomatique entre la Tunisie l’Algérie.
Elyes Kasri précise : « Certains s’efforcent de mesurer les initiatives diplomatiques tunisiennes à l’aune de la diplomatie algérienne comme si ce pays frère et voisin était un modèle à suivre systématiquement ou se faisait conférer un droit de tutelle implicite sur les décisions tunisiennes. »
Et de poursuivre : « Le plus grave ce n’est pas tant les déclarations de certains officiels algériens sur la Tunisie qui sont parfois à la limite de l’ingérence bien que le tempérament algérien mette en avant l’indépendance et la fierté nationales; mais surtout, le réflexe de plus en plus en plus ancré chez certains Tunisiens de prendre l’Algérie comme une référence pour la diplomatie tunisienne. »
Avant d’ajouter : « Ces Tunisiens soucieux des sentiments et même de la susceptibilité de nos voisins doivent réaliser qu’à moins d’être une wilaya algérienne, la Tunisie a ses propres spécificités et contraintes qui sont différentes de celles de nos voisins immédiats. Donc, le vœu de conformité totale de nos choix intérieurs et extérieurs avec ceux de nos voisins est intenable à moins d’ignorer les spécificités et intérêts de la Tunisie. »
Et de conclure : « Bon voisinage et fraternité oui, mais chaque Tunisien doit réaliser que l’histoire et les choix de la Tunisie ainsi que le modèle socio-économique auquel aspire notre pays sont forcément différents de ceux de nos voisins qui ont été gâtés par la nature et doivent en subir les bienfaits ainsi que les contraintes et inconvénients. »