La création de la zone de libre-échange entre le Maroc, la Tunisie, l’Egypte et la Jordanie, dite “Accord d’Agadir“, devait constituer un tournant dans les échanges commerciaux entre ces quatre partenaires.
L’accord d’Agadir, signé en 2004 et entré en vigueur le 27 mars 2007 et dont l’objectif est l’élimination progressive des barrières douanières, couvre plusieurs produits. Lesquels bénéficient des réductions tarifaires.
Dans cette optique, l’accord doit favoriser principalement les échanges de produits industriels, textiles et agricoles. Ce qui est à même de créer une opportunité pour les pays signataires, en vue de diversifier leurs exportations.
Cet accord a également encouragé la coopération en matière de normes et de régulations pour faciliter les échanges commerciaux.
« La dynamique économique nécessite des partenariats interarabes ainsi que la libre circulation de la main-d’œuvre et des flux financiers, dans un marché qui compte plusieurs millions de consommateurs », affirmait Hamdi Tabaa, président de l’Association des hommes d’affaires jordaniens. Et ce, en marge d’une mission économique d’hommes d’affaires tunisiens à Amman (29 novembre – 4 décembre 2019).
Forte progression des échanges
Depuis la mise en place de l’accord, les pays signataires ont constaté une croissance significative de leurs échanges bilatéraux. Les chiffres varient, mais en moyenne, les échanges entre les quatre pays ont augmenté de plus de 50 % depuis l’entrée en vigueur de l’accord. Cela montre l’impact positif de cet accord sur la dynamique économique de la région.
Pour la Tunisie, l’accord d’Agadir a eu un impact significatif sur son économie en matière de droits de douane.
En effet, avant son entrée en vigueur, seulement 5,4 % des lignes tarifaires étaient en franchise de droits sur une base NPF. Ce qui représentait une part minime des importations en provenance d’Egypte, de Jordanie et du Maroc.
Tunisie
Mais dès l’entrée en vigueur de l’accord en 2007, la Tunisie a pris des mesures audacieuses en libéralisant l’intégralité de lignes tarifaires restantes. Soit 94,6 % pour toutes les parties de l’accord (textiles, machines, produits chimiques, minéraux et véhicules). Cette décision a contribué à stimuler les échanges commerciaux en éliminant les obstacles tarifaires. Favorisant ainsi la croissance des exportations et la diversification des produits tunisiens sur les marchés des pays signataires.
Cette réduction des droits de douanes a également renforcé la compétitivité de la Tunisie sur la scène internationale, attirant ainsi davantage d’investissements étrangers…
L’accord d’Agadir a ainsi ouvert de nouvelles opportunités pour la Tunisie et a été un élément important dans sa quête de renforcement de ses relations commerciales avec ces pays.
Maroc
Idem pour le Royaume du Maroc qui a réalisé, grâce à l’accord, des avancées significatives de son économie avec les autres parties partenaires. Notamment avec la Jordanie et l’Egypte, en réduisant considérablement les droits de douane. En effet, avant l’accord, il n’existait que 23 lignes tarifaires franches de droits de douane.
Egypte
Pour l’Egypte, avant l’accord, seuls 8,7 % des droits de douanes étaient éliminés. Mais après, 91,3 % des lignes tarifaires ont été libéralisées (produis laitiers, animaux vivants, fruits comestibles, préparations de viande et de poissons, produits chimiques et organiques et des textiles).
Jordanie
En Jordanie, 49 % des lignes tarifaires étaient déjà exemptes de droits. Mais l’accord a éliminé les droits pour 49,4 % de ligne tarifaires supplémentaires (boissons alcoolisées, vinaigres, combustibles minéraux, verre et ouvrages en verre, instruments de musique). Cette réduction substantielle des droits a favorisé une croissance des échanges commerciaux, avec une libéralisation atteignant les 97,8 % pour les importations en provenance des pays signataires de l’accord.
Ainsi, l’accord d’Agadir a transformé les échanges commerciaux entre les pays signataires, en favorisant la croissance économique et la diversification des exportations. Il continue de jouer un rôle majeur dans la dynamique régionale, stimulant les économies du Maroc, de l’Egypte, de la Jordanie et de la Tunisie.
L’accord d’Agadir est bien plus qu’un simple accord commercial, mais montre qu’une transformation économique se met en place.
Rihem Karker
Geopolitics & International Relations Student