L’Argentine a enregistré en août une inflation qui a atteint 12,4% par rapport à juillet et 124,4% sur une base annuelle, conséquence de la dépréciation du peso le mois dernier et un niveau qui est le pire des 32 dernières années ; le problème jette une lourde ombre sur la campagne électorale en amont des élections présidentielles et législatives d’octobre prochain.
L’indice, annoncé jeudi 14 septembre par l’Institut national de la statistique (Indec), a doublé par rapport à juillet (6,2%). Il s’agit de la pire performance depuis les 27% enregistrés en février 1991. C’est aussi la première fois que cet indicateur est à deux chiffres sur une base mensuelle depuis 21 ans.
L’inflation dans la troisième économie d’Amérique latine atteint désormais 80,2% en cumul depuis janvier, ce qui signifie qu’à la fin de 2023, elle aura largement dépassé les 94,8 % de 2022, soit déjà la pire performance depuis 32 ans.
La dernière fois que l’inflation mensuelle en Argentine a atteint deux chiffres, c’était en avril 2002, alors que le pays tentait de se remettre d’une période coûteuse de taux de change fixe (1 peso pour 1 dollar) et de déréglementation simultanée de l’économie.
Cette décennie avait initialement mis fin à l’hyperinflation de 1989-1990 (lorsque l’indice dépassait les 2 000%), mais s’était soldée par une crise bancaire, une profonde récession et une explosion sociale, épisodes avec 39 décès fin 2001.
La poussée de l’inflation en août était prévisible
Au lendemain des votes internes des partis pour désigner leurs candidats à l’élection présidentielle du 13 août, le gouvernement du président Alberto Fernández a procédé à une dévaluation importante de la monnaie, le peso, par rapport au dollar, de 20% (le taux est désormais à 365, 51 contre le dollar). La monnaie argentine subit une dévaluation progressive mais imparable depuis deux ans.
S’ensuivent, fin août, des fluctuations de prix et des pénuries sporadiques, avant que les agents économiques, notamment les fournisseurs, ne les réajustent en tenant compte de l’inflation chronique d’une part et du nouveau taux de change d’autre part.
« Le mois d’août a été l’un des pires mois des 30 dernières années en termes de processus économique », a résumé hier le ministre de l’Economie, Sergio Massa, qui est également candidat de la faction au pouvoir (centre-gauche) à l’élection présidentielle du 22 octobre.
Le ministre a attribué les mauvais résultats, au moins en partie, à «la dévaluation imposée [de la monnaie] par le Fonds monétaire international».
Le FMI a fixé des objectifs budgétaires à l’Argentine et a exigé la restauration des réserves de change dans le cadre d’un accord signé en 2022 pour refinancer la dette du pays, héritage du prêt de 44 milliards de dollars accordé en 2018 par l’institution financière de Washington au président gouverneur de l’époque.