En tournée en Afrique du Nord, M. Abdallah Al Dardari, Sous-Secrétaire Général de l’ONU et Directeur Régional du PNUD pour les États arabes, était en Tunisie du 4 au 12 septembre derniers. L’Economiste Maghrébin l’a rencontré. On est revenu sur l’objectif de sa visite et le contexte de sa tournée en Afrique du Nord. On s’est notamment arrêté sur la manière dont le PNUD pourrait soutenir les efforts de la Tunisie dans le développement socioéconomique. Il a été aussi question des défis du changement climatique et du stress hydrique, de la migration et de l’éducation.
Il n’y a pas de développement sans investissement dans le capital humain. En Tunisie, 100 000 enfants abandonnent l’école chaque année. Comment le PNUD peut-il aider à développer l’éducation et à mieux la relier aux besoins d’un marché du travail moderne ?
D’abord, il est important de comprendre qu’il ne peut y avoir d’emplois sans croissance économique, et pas de croissance économique sans investissement. Aujourd’hui en Tunisie, la croissance économique et l’investissement demeurent faibles. Par conséquent, les opportunités de création d’emplois demeurent très limitées.
Plus préoccupant encore, la faiblesse préoccupante de l’épargne. Comment assurer le financement des investissements à venir, avec un taux d’épargne aussi faible ? C’est une question fondamentale à adresser.
Donc, si l’analyse de la question de l’éducation stricto sensu est très importante, il est aussi fondamental d’analyser la problématique de manière globale et dans ses liens avec les autres sujets de développement socioéconomique. Par ailleurs, et si on veut augmenter les investissements et les opportunités d’emplois, il faut aussi travailler sur l’amélioration des compétences. Les besoins du marché du travail évoluent vite. Et il faut s’adapter rapidement à cette évolution. Si dans le système des Nations unies, l’UNICEF travaille sur l’éducation, le PNUD intervient sur la formation professionnelle et technique et en appui aux politiques d’éducation.
Enfin, on ne pourra pas espérer diminuer l’émigration des Tunisiens sans une croissance économique inclusive qui intègre toutes les régions, et pas seulement les régions côtières. Si on regarde de plus près les indicateurs du développement en Tunisie, on se rend compte de deux Tunisie : celle des régions côtières et celle des régions intérieures, enclavées.
Nous travaillons actuellement étroitement avec le ministère de l’Economie et de la Planification et le ministère de l’Intérieur pour s’assurer d’un développement durable dans toutes les régions, jusqu’à celles les plus inaccessibles, y compris au niveau local.
Vous venez d’évoquer l’émigration des Tunisiens. La Tunisie connaît aussi un problème de taille avec la migration massive sur son territoire des Subsahariens. Est-ce là un sujet sur lequel le PNUD peut intervenir ?
Le PNUD travaille dans le cadre de l’action du Système des Nations unies dans son ensemble. La question de la migration est gérée prioritairement par l’Organisation internationale de la migration et l’UNHCR.
Pour toutes les dimensions de la migration en lien avec le développement, le PNUD se tient prêt à accompagner le gouvernement tunisien s’il le souhaite.
Le mot de la fin.
Le temps est un facteur important. Nous devons agir vite pour réaliser nos objectifs en termes de développement. Il faut donner les bons signaux, aussi bien aux citoyens tunisiens qu’à la communauté internationale. Nous sommes capables de réussir une transition économique. Il faut s’y mettre rapidement pour relever nos défis ensemble.
Extrait de l’interview qui est disponible dans le Mag de l’Economiste Maghrébin n 877 du 13 au 27 septembre 2023