Représentant 26% du PIB mondial et plus de 42% de la population du globe, les BRICS ne disposent que de 15% des droits de vote au sein du FMI. Ce poids marginalisé réduit la chance de ces puissances émergentes de jouer un rôle déterminant dans le processus de prise de décision au niveau international. La Nouvelle Banque de Développement (NBD), appelée aussi la Banque des BRICS, lancée en 2014, se voulait être « plus efficace et plus généreuse que le FMI » et se positionner comme le principal véhicule de développement pour les économies du Sud. La NBD se démarque des institutions de Washington à plusieurs niveaux.
Politique de crédit : prioriser les prêts en monnaies locales
Pour se libérer de la domination du dollar américain, la Banque des BRICS s’est engagée à accroitre les prêts en monnaies locales. Un quart des décaissements de l’année dernière était libellé en Renminbi chinois et, en Rand sud-africain.
Financement de projets : cibler le développement durable
Malgré un capital de départ relativement faible (50 milliards de dollars), la Banque a choisi de miser sur les grands projets d’infrastructure et les domaines de sécurité alimentaire, énergétique, de changement climatique et de santé. Des secteurs stratégiques pour renforcer l’indépendance et la souveraineté des pays émergents.
Conditions de financement : rompre avec la conditionnalité contraignante
A la place de la batterie de réformes douloureuses imposée généralement par les bailleurs de fonds occidentaux, la NBD promet, selon les paroles de sa présidente Dima Roussef, « un soutien financier non onéreux, sans imposer des conditionnalités liées à une quelconque politique publique ou projet privé ». Ces principes alléchants sont-ils la seule motivation qui a poussé une vingtaine de pays à taper la porte des BRICS pour y devenir des membres lors du der-
nier Sommet à Johannesburg ? Si on peut l’admettre pour certains pays en besoin de financement et en difficulté de remboursement, ce ne sera sûrement pas le cas des puissances financières qui ont intégré récemment le club. Des considérations géostratégiques semblent aussi être déterminantes pour expliquer une telle ruée vers les BRICS.
Par Lamia Jaidane-Mazigh
Cet article est disponible dans le mag de l’Economiste Maghrébin n°877 du 13 au 27 septembre 2023